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Watches&Wonders 2024 : Le Bilan

Date : 25 avril 2024
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Dans cet article, découvrez le décryptage de l’édition 2024 du rendez-vous évènement genevois.

Il y a près d’une semaine se tenait le rendez-vous incontournable de la planète horlogère, auxquels de nombreux acteurs référents comme émergents ont répondu présents. Pendant quelques jours, Genève bat au rythme de mille et un garde-temps aux complications audacieuses, à l’esthétique racée et au storytelling toujours plus travaillé.

Mais au-delà des annonces des différentes manufactures, quelles leçons en tirer ? Si la fréquentation a été jugée satisfaisante par les organisateurs – pas moins de 49 000 visiteurs se sont rendus à Palexpo, en lisière de Genève, soit une hausse de +13% par rapport à l’édition précédente – plusieurs tendances émergent nettement.

Le retour de l’élégance et du minimalisme

Si ces dernières années ont vu éclore de nombreux garde-temps imposants au boîtier très large, souvent dérivés de collections plus classiques, l’heure est plus au raffinement avec une recherche de cadrans lisibles et de formes pures. A l’instar de Parmigiani Fleurier qui revisite pour l’occasion son modèle historique Tonda, au cadran finement guilloché et dépourvu de guichet de date.

Parmigiani Fleurier – Tonda PF Micro-Rotor ©Parmigiani Fleurier

Un autre dévoilement majeur chez Hermès, qui dévoile une nouvelle collection singulière baptisée Cut. À mi-chemin entre le cercle et le rond, Hermès Cut joue avec le vocabulaire de la géométrie pour dévoiler une montre au porté universel et aux lignes acérées. Les jeux de finition polies et satinées donnent à la montre une profondeur intéressante, complétée par ce jeu singulier entre cercle et rond. Là aussi, un soin particulier a été apporté à l’épure du cadran, dépourvu de guichet de date. Les bracelets en caoutchouc interchangeables confèrent un caractère joyeux et personnalisable à cette nouvelle collection. Certains analystes voient même dans ce lancement une volonté du Sellier d’investir le segment cher à Rolex des montres « sport-chic » après le lancement fructueux d’H08 quelques années plus tôt.

Hermès – Cut ©Hermès

Côté couleurs, on note une polarisation intéressante. De nombreux horlogers optent pour des coloris sombres et élégants, rassurants et consensuels. Un retour en grâce de différents tons de bleu est intéressant, comme Patek Philippe révélant un bleu gris attrayant sur ses modèles emblématiques Nautilus et Aquanaut, ou Rolex habillant son modèle professionnel Deepsea d’un bleu intense cerclé d’or jaune.

Patek Philippe – Nautilus Chronographe Flyback 5980G ©Patek Philippe

De l’autre côté, beaucoup n’hésitent pas à mettre de la couleur pour se démarquer et sortir de garde-temps parfois trop conventionnels. C’est le cas pour Montblanc et ses nombreux modèles aux cadrans colorés, Hublot avec l’avant-gardiste Spirit cerclée d’une teinte orangée, ou Speake-Marin avec sa collection Openworked, parée pour l’occasion de vert menthe, rose bonbon et autre vert pomme. Des nuances de caoutchouc viennent donner relief et profondeur à ces garde- temps s’adressant à un public initié.

Montblanc –  Iced Sea Zero Oxygen Deep 4810 ©Montblanc
Hublot – Big Bang Unico Orange Ceramic ©Hublot
Speake-Marin – Dual Time Mint ©Speake-Marin

2. Une quête accrue de sophistication

Face à un marché de plus en plus polarisé, où les plus grandes marquent affichent une santé financière insolente et où les acteurs intermédiaires souffrent d’une baisse de volumes sans précédents, nous avons remarqué une volonté de présenter des garde-temps sophistiqués et raffinés.

Qu’il s’agissent d’un travail accru sur le cadran, comme avec la Freak Nomad d’Ulysse Nardin, où l’affichage singulier des heures par le français Trilobe, chaque marque tente d’asseoir sa singularité. La clientèle semble de plus en plus sanctionner la tiédeur de collections trop neutres, pensés pour plaire à tout le monde et qui ne sont au final achetées par personne.

Ulysse Nardin – Freak Nomad ©Ulysse Nardin
Trilobe – L’Heure Exquise ©Trilobe

La sophistication horlogère s’incarne bien sûr par des complications mémorables, comme c’est le cas avec l’Octo Finissimo Ultra COSC de Bulgari, célébrant son record de minceur – 1,70 mm seulement – et certifiée chronomètre par la célèbre institution indépendante. De quoi tenter de voler la vedette à Piaget venu célébrer ses 150 ans d’existence au moyen d’une scénographie surprenante, rappelant les génériques de vieux James Bond vintage.

Bulgari – Octo Finissimo Ultra COSC ©Bulgari
Piaget – Altiplano Ultimate Concept Tourbillon ©Piaget

Prudence, quand tu nous tiens !

Cette édition 2024 marque un tournant déjà amorcé dans un contexte économique complexe et incertain. Avec un marché chinois morose, un contexte difficile au Moyen-Orient et des incertitudes sur les taux, le cocktail n’est pas des meilleurs pour dynamiser un marché déjà sur la retenue. Les dernières créations présentées, quels que soient les acteurs, marquent le pas par rapport aux années flamboyantes post-Covid. Si le segment très haut de gamme se porte bien, il masque une baisse croissante des volumes et des signes de fragilité sur le marché de la seconde main. L’occasion pour les marques de développer plus que jamais leur communauté, et travailler l’accessibilité de certains de leurs modèles pour fédérer et renouveler leur bassin de clients. On ne peut que saluer l’initiative de Maximilian Busser avec sa M.A.D.1 Time to Love en collaboration avec Jean-Charles de Castelbajac, qui a le mérite de rendre plus accessible son univers tout en préservant l’exclusivité de MB&F. L’horlogerie reste une affaire de passion, qui se vit, se transmet et doit se porter plus que jamais au poignet.

MB&F – Maximilian Busser M.A.D.1 Time to Love x Jean-Charles de Castelbajac ©MB&F

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