Pour sa première exposition personnelle à New York, Laure Mary dévoile un travail d’une rare intensité, où l’absence devient matière et le silence, un langage. Longtemps associée à des compositions vibrantes et oniriques, l’artiste française opère ici un dépouillement radical, né d’un geste intime : se délester de tout, sauf des livres qui l’accompagnent. De cette épure surgit une peinture plus nue, plus incisive, où chaque détail agit comme une énigme à résoudre. Being Normal Is Really Not Normal est une invitation à contempler l’inattendu : un œuf fissuré, une lumière sous une porte, des fragments suspendus entre apparition et disparition. À la manière d’Hemingway et de Bret Easton Ellis, dont les mots hantent discrètement l’exposition, Laure Mary explore la dramaturgie de ce qui manque, la puissance de ce qui n’est pas dit. Ses toiles, à la fois claires et troublantes, rappellent que la normalité est une illusion, que la vérité se cache dans les interstices, et que la beauté surgit souvent là où l’on a osé retrancher.
Robert Nava : L’étoile montante du « bad painting »
L’artiste contemporain basé à Brooklyn, New York, utilise sa main rugueuse et fluide pour créer un art innocent, inspiré de ses souvenirs, de ses rêves ou de ses cauchemars d’enfant.
Des peintures « soigneusement mal exécutées ». Voilà comment Robert Nava, définit son travail.
L’artiste est un talent émergent du « bad painting », un courant artistique né outre-Atlantique vers 1970 et inspiré des arts de la rue. Puisant également ses sources dans des idéologies marginales – comme le rock ou le punk – le style artistique est en opposition à l’art intellectuel et conventionnel.
Volontairement négligé et sali, cette « figuration libre » a notamment été le dada d’artistes tels que Keith Haring, Peter Saul ou Jean-Michel Basquiat. Pour Robert Nava, ses oeuvres sont faites pour renverser les codes rigides et les fondamentaux de la peinture et des conventions artistiques. Pourtant, ces codes, Nava les a scrupuleusement appris en tant qu’étudiant en Master of Fine Arts (MFA) à l’université de Yale en 2011.

Son but ? Réapprendre à dessiner comme un enfant. Pari réussi pour l’artiste qui dévoile des créations enfantines représentant bien souvent des figures imaginaires et mythologiques, tout droit sorties de son inconscient et qui prennent vie grâce à l’énergie frénétique que Robert Nova impulse dans son pinceau. Son approche de l’art a été éclairée par une myriades d’influences, balayant toute l’histoire de l’art, des maîtres anciens aux antiques, en passant par l’art maya et sumérien ou la peinture hollandaise, notamment Vincent Van Gogh.

Obsédé par les « erreurs » qu’il pouvait déceler dans les tableaux, Nava partait de ces dernières pour dessiner « incorrectement » ses toiles. Etoile montante du « bad painting », la mythologie Made in Nava porte ses fruits puisque l’artiste a récemment vendu chez Phillips une oeuvre baptisée TheTunnel et exécutée en 2019. Une peinture certes récente mais qui a été adjugée pour près de 160 000 euros, soit quatre fois son estimation basse.

