Il est des débuts qui ne se contentent pas de répondre aux attentes — ils les transcendent. C’est ce qu’a réalisé Jonathan Anderson pour son premier défilé Dior, présenté dans la ferveur solaire d’une Fashion Week parisienne en ébullition. À la tête des lignes homme, femme et couture de la maison, le créateur irlandais signe une entrée remarquée : éclatante, texturée, jubilatoire — et fondamentalement Dior.
Giorgio Armani : Leo Dell’Orco en héritier silencieux
Il règne parfois sur les défilés une émotion silencieuse, un souffle suspendu que les tissus eux-mêmes semblent capter. Ce fut le cas à Milan, lors de la Fashion Week masculine de juin 2025, marquée par l’absence de celui qui en incarne, depuis près d’un demi-siècle, l’élégance et la rigueur : Giorgio Armani.

Affaibli par des soucis de santé, le couturier de 90 ans, actuellement en convalescence, n’a pu assister en personne aux défilés Emporio Armani et Giorgio Armani. Un moment rare et profondément symbolique dans l’histoire d’une maison dont chaque salut final est, depuis toujours, un rendez-vous avec son public.
Mais si le maestro n’était pas sur scène, son empreinte, elle, était partout. « Monsieur Armani a travaillé avec le même dévouement sur les collections », a précisé la maison. Jusqu’au moindre détail, jusqu’au dernier fitting. Sa vision a guidé les silhouettes, son œil a veillé à chaque ligne. Car même dans l’absence, Giorgio Armani reste un créateur en pleine lumière.

Leo Dell’Orco, le fidèle discret
Pour saluer le public à la fin des deux défilés, c’est Leo Dell’Orco, bras droit historique et responsable du design des lignes masculines, qui est apparu sur le podium. Intégré à la maison en 1977, ce pilier de l’ombre connaît les codes, les gestes et les équilibres de la griffe sur le bout des doigts. Depuis plusieurs années déjà, son nom circule avec constance parmi les potentiels successeurs du fondateur.

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Son apparition discrète mais digne, au terme des shows du 21 et du 23 juin, a ému la profession. Elle rappelle, dans un murmure, ce moment de janvier 2019 où Virginie Viard était apparue seule au final du défilé Chanel, alors que Karl Lagerfeld, affaibli, n’avait pu se présenter. L’histoire semble parfois tisser ses échos avec une grâce douce et mélancolique.
Le souffle d’Armani, toujours intact
Malgré cette absence, la présence artistique de Giorgio Armani reste indéfectible. Loin de se retirer, le créateur continue d’orchestrer, de composer, d’insuffler sa signature à l’ensemble de ses lignes. En avril dernier, il célébrait encore avec éclat les 20 ans de sa ligne haute couture Giorgio Armani Privé, dans une rétrospective magistrale réunissant 150 silhouettes à Milan.
À l’heure où le monde de la mode s’interroge sur ses héritages et ses transmissions, Giorgio Armani écrit, en toute élégance, un nouveau chapitre. Un chapitre où la création s’émancipe du corps pour ne laisser parler que l’essence, et où l’avenir, peu à peu, commence à se dessiner — sans rupture, sans bruit, dans le respect d’une maison à l’allure inchangée.
