La première édition de la MIRA Art Fair, consacrée à l’art contemporain latino-américain, vient de s’achever, marquant un tournant dans le paysage artistique parisien. Du 18 au 22 septembre 2024, la Maison de l’Amérique Latine a accueilli cet événement novateur, qui a su allier un modèle de foire intime et exclusif avec une sélection minutieuse d’œuvres provenant de 24 galeries internationales. MIRA s’est donnée pour mission de célébrer la diversité et la richesse de l’art latino-américain, tout en intégrant les enjeux de durabilité au cœur de son projet.
Portrait Cinéma : Rencontre avec Léonie Dahan-Lamort
Léonie Dahan-Lamort, originaire de Biarritz, a rapidement montré un intérêt pour le cinéma. Après avoir déménagé à Paris, elle se forme au théâtre à l’Atelier Francoeur et au Conservatoire municipal du 17e arrondissement. À seulement 15 ans, elle tourne son premier court métrage L’Île et le Continent. L’année suivante, elle décroche un rôle récurrent dans une série sur France 2, tout en obtenant son Bac avec mention Bien. En 2021, elle se consacre à des projets de longs-métrages, notamment Tout Fout Le Camp et La Morsure ainsi qu’à la série à succès Nudes sur Prime Video. Consecration en 2024, elle monte pour la première fois les prestigieuses marches de la Semaine de la critique Cannoise afin de présenter le long métrage La Pampa d’Antoine Chevrollier dont la sortie est prévue en Février 2025. Rencontre.
Qui est Léonie Dahan-Lamort ?
Je m’appelle Léonie, je suis actrice, j’ai 21 ans et cela fait 7 ans que je travaille dans ce milieu. Je suis très contente, ça se passe très bien en ce moment.
Qu’est-ce que t’inspire le métier d’acteur ?
J’aime beaucoup l’idée de pouvoir entrer dans le cerveau de quelqu’un pour essayer de trouver l’essence de ce qu’il voulait raconter dans son histoire, afin d’interpréter au mieux le personnage. Je pense que c’est cet aspect humain et cette connexion avec les autres qui m’ont beaucoup attirée dans ce métier. En ce moment, ce qui m’attire particulièrement, c’est l’idée d’incarner des personnages féminins forts, bien écrits, avec une singularité marquée. J’aimerais aussi explorer ce qu’on appelle la « female rage » – cette idée que les femmes ont beaucoup de colère en elles, mais ne peuvent pas ou ne s’autorisent pas à l’exprimer. On voit de plus en plus de personnages féminins qui illustrent cela dans les films, et ça m’intéresse énormément.Enfant, je voulais surtout faire un métier qui me permettrait d’avoir une voix et de pouvoir être entendue. Ensuite, cela est venu assez naturellement lorsque j’ai commencé le théâtre en arrivant à Paris. Mon père m’a proposé d’envoyer des photos pour des castings s’il tombait sur des annonces. J’ai accepté sans vraiment réaliser dans quoi je me lançais. Très vite, j’ai tourné mon premier court-métrage, ce qui m’a permis d’avoir une agent. Les castings se sont ensuite enchaînés, tout comme les projets. Après le bac, je me suis dit que j’allais continuer dans cette voie.
Que se passe-t-il en ce moment dans ta sphère Cinéma ?
En ce moment, je participe à la promotion de La Pampa, un film d’Antoine Chevrollier, qui a été sélectionné à la Semaine de la Critique. C’était mon premier festival de Cannes, une expérience impressionnante et très enrichissante. J’ai aussi tourné dans une série pour OCS, Deadline, réalisée par Erwann Marino-Poulos. C’est une série d’humour noir sur une femme qui doit rembourser son dealer et qui prend un travail dans des soins palliatifs. Je joue l’une des malades en soins palliatifs qui sait qu’elle va bientôt mourir. Mon personnage découvre que la nouvelle infirmière vole des médicaments et décide de la faire chanter en lui demandant de réaliser les rêves des autres malades avant leur décès. Ce rôle était très amusant à interpréter, car il était très différent de ce que j’avais l’habitude de jouer.En ce moment, je me prépare pour une autre série OCS intitulée Sister Disaster, réalisée par Charlotte Sanson dont j’ai le premier rôle, et je suis très excitée. L’histoire suit une jeune fille qui se fait expulser de chez sa mère après que celle-ci découvre qu’elle est camgirl. Elle entre alors dans un couvent, où elle découvre un univers exclusivement féminin et rencontre des femmes qu’elle n’aurait jamais côtoyées autrement.J’ai également joué dans le film La Morsure, sorti en mai 2024, où j’incarne Françoise, une jeune fille dans un couvent catholique en 1967. Elle fait un rêve prémonitoire qui lui annonce, selon elle, qu’elle va mourir le lendemain. Le film explore comment cette conscience de la mort imminente crée une pulsion de vie et la pousse à vouloir vivre pleinement avant de mourir. C’était un personnage très attachant, avec des émotions intenses, comme on en vit souvent à l’adolescence. J’ai beaucoup aimé l’idée que, même à cette époque, elle revendiquait une certaine liberté en tant que femme, dans un contexte où les femmes n’étaient pas encouragées à prendre la parole ou à faire du bruit.
Est-ce que pour un acteur ou une actrice, il est important de toujours s’identifier à son personnage ou de se reconnaître dedans ? Est-ce que cela facilite le jeu, ou au contraire, cela peut-il déstabiliser ?
Je pense qu’il faut soit qu’il y ait un rejet total du personnage, dans le sens où il est incroyablement éloigné de nous, ce qui permet de le construire totalement, ou alors une identification partielle. Mais cela peut parfois être difficile, car tu as tendance à vouloir être toi-même, alors que le but est justement de ne pas l’être. Cela rend l’exercice intéressant, car cela pousse à chercher des petites choses en nous pour nourrir le personnage, tout en gardant une distance suffisante pour ne pas juste être soi, mais vraiment interpréter.
Peux-tu nous parler de Nudes, la série qui t’a fait connaître du grand public ?
Oui, Nudes, qui est sortie au début de l’année sur Amazon Prime Vidéo. C’était une expérience géniale, avec un sujet assez politique sur les nudes et le cyberharcèlement qui en découle lorsqu’ils sont diffusés sans le consentement des personnes concernées. J’y incarne Sophia, un des personnages principaux. Sophia est une jeune fille issue d’un milieu populaire qui fréquente un lycée bourgeois, où elle subit une forme de discrimination. Après sa première expérience avec une autre jeune fille, quelqu’un filme la scène à son insu et la vidéo est diffusée. On suit son enquête pour découvrir qui est responsable, mais aussi les répercussions sur sa vie : la lesbophobie, l’humiliation et la vulnérabilité qu’elle ressent en ayant son intimité exposée. Mais on découvre aussi sa combativité pour se reconstruire et mener son enquête à terme.
C’est une belle lignée de rôles avec une forte connexion entre eux, notamment sur des thèmes importants comme la place des femmes. C’est quelque chose de fort pour toi ?
Oui, je suis très fière de ce parcours, surtout que cela me permet de communiquer des messages importants, notamment sur la condition féminine. J’espère continuer à incarner des personnages qui permettent de faire entendre cette voix féminine, et d’exprimer cette colère intérieure que beaucoup de femmes ressentent, mais n’osent pas toujours exprimer.