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Laure Mary : « Spleen » à la galerie Dio Horia – L’Interview exclusive

Date : 16 janvier 2024
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Rencontre avec l’artiste Laure Mary au sein de son studio avant son Solo Show « Spleen » : Une exposition à l’allure envoûtante voir hypnotique, où sensations fortes sur fond poétique s’imposent à la galerie Dio Horia, Athènes, du 20 Janvier au 24 Février prochain. Découverte.

Laure Mary dans son studio © Sarah Heitzmann / Luxe.net

Laure, enchantée ! Peux-tu nous raconter ton parcours artistique ? 

Bonjour Sarah ! Enchantée également ! J’ai commencé par une formation dans la Haute-Couture, puis j’ai obtenu un Diplôme dans le Costume historique car je souhaitais initialement travailler dans le Spectacle et le Cinéma. Du reste, j’ai toujours aujourd’hui un amour et une passion intenses pour le 7ème Art, j’espère qu’un jour je réaliserai un projet qui permettra de conjuguer la peinture et les films. Suite à ça, j’ai réalisé le cursus complet à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon. Ce sont des années qui demeurent dans mon souvenir remplis de joie et de douceur.

Quelles sont tes influences et inspirations majeures ? 

Il y a deux ponts principaux:

Le premier concerne l’histoire, la peinture, la littérature, le cinéma. Lorsque je découvre quelque chose qui attire mon attention je vais tout chercher sur le sujet. Par exemple s’il s’agit d’un livre, je vais lire tous les ouvrages de l’auteur. Je laisse ensuite reposer les informations dans mon esprit, et prends quelques notes qui me serviront ou pas un peu plus tard.

Le deuxième concerne un outil indispensable à mon processus créatif : les rencontres. Fortuites ou prévisibles, éphémères ou durables, aucune importance. J’écoute et observe avec beaucoup de respect tout ce que l’on accepte de me confier. Chaque individu est différent, et c’est cette différence que je cherche. Les particularités rendent les instants mémorables, intrigants et délicats. Ils suggèrent de nouvelles ouvertures, des perspectives inconnues, parfois des horizons improbables. Lorsque j’échange une conversation avec quelqu’un et que cette personne m’offre le récit d’un souvenir qui ne m’appartient pas, je le recueille avec pudeur et le transforme dans ma peinture afin de raconter une nouvelle histoire.

Devant tes oeuvres, on ressent tel un effet de monde parallèle, une certaine beauté féerique jonglant avec une sensation d’introspection… c’est aussi sûrement provoqué par ta technique, comment est-elle née ?

Mes peintures retranscrives une juxtaposition entre réel et irréel. J’applique énormément de couches relativement fines à mes toiles afin que la planéité dialogue avec le relief. J’utilise aussi beaucoup de pinceaux différents. Parfois pour un seul détail je peux utiliser une dizaine de pinceaux, dont chacun va avoir son propre rôle, ce me permet d’avoir un résultat proche du digital. Parfois le geste est contrôlé et parfois il ne l’est pas, car la peinture c’est aussi ça, la conjugaison de la connaissance et de la découverte. 

Comment ton style a-t-il évolué ?

Au cours des premières années j’utilisais un alphabet restreint, les sujets étaient très récurrents et répétitifs. Puis, avec le temps, je suis sortie peu à peu du nid confortable de ce que j’avais acquis. C’est à ce commencement que les scènes d’intérieur et les paysages sont apparus . Probablement proportionnel à mon évolution personnelle, j’ai diversifié les mes sujets et ma technique s’est affinée. Chaque exposition permet aussi de prendre de nouveaux risques. Se poser des questions encore inexplorées et s’imposer des défis dont le résultat demeurent imprévisibles. Peindre ne vous offre jamais aucune garantie et c’est cette quête de l’évasion que je trouve la plus stimulante.

En parlant d’introspection, on devine aussi une sincère dimension psychologique au sein de ton travail, notamment le thème de la solitude qui peut s’illustrer par ces objets dominants, parfois sans acteur humain… Peux-tu nous en dire plus sur ces sensations ?

C’est tout le paradoxe de mon travail : le sujet n’est pas ou peu présent dans l’image. L’absence de figure humaine ne signifie pas qu’il n’y a personne, bien au contraire, le sujet ne se nourrit pas du sujet, sinon il dépérit.

Si vous êtes en train de regarder la peinture, cela signifie que la peinture existe, vous êtes donc l’acteur principal de celle-ci. Le sens ambigu de la solitude est une notion qui m’intéresse particulièrement parce qu’elle murmure la liberté. La solitude est une façon subtile de vous retrouver, lorsque vous êtes seul avec vous-même, il n’y a pas d’enjeu, pas de contrainte. C’est à cet instant que vous êtes le plus sincère avec vous-même. C’est au même titre quand un moment confortable et effrayant que le temps est suspendu, l’espace est absent, le mouvement inexistant. Le rêve n’a besoin de rien pour créer sa matière et peut donner lieu à de multiples naissances. C’est agréable de pouvoir s’échapper de temps en temps, la liberté est une révolte qui se contredit.

Ton point de vue sur la scène de l’art actuelle ? 

Je suis sincèrement fascinée par le talent des artistes contemporains. La rigueur de la technique et les ouvertures quant à la réflexion d’un monde qui change chaque jour portent l’espoir de perspectives inconnues et de sentiments nouveaux.

Quelle est la définition de l’« artiste », selon toi ? 

L’artiste suggère la mélodie d’une musique qui ne s’interrompt jamais, et créer une résonance qui nous submerge.

Un moment de ta carrière que tu aimerais nous partager ? 

Tous les projets sont des investissements avec leur propres importances, mais si je dois en choisir un en particulier alors c’est lors de la Biennale Internationale de Lyon de 2017, car j’avais réalisé une peinture murale composée de fleurs rouges du sol au plafond. Une véritable expérience de l’immersion et de l’éphémère. 

Je rêve de pouvoir réaliser à nouveau ce genre de projets. Je vais d’ailleurs créer une installation similaire lors de ma prochaine exposition en Janvier/Février chez Dio Horia Gallery à Athènes.

Y a-t-il un travail auquel tu es particulièrement attachée ? Et pourquoi ? 

Ma première peinture. Elle est toujours avec moi. Je ne m’en séparerai jamais.

Si tu devais nous citer :

Un livre ? 

Moins que Zéro de Bret Easton Ellis.

Un film ? 

Respiro de Emanuele Crialese.

Une chanson ? 

Each Time You Fall In Love de Cigarettes After Sex.

Do Dreamers Wake Up? – Laure Mary, Huile sur toile, 130 x 195 x 2.5 cm, 2024 © Courtesy of Laure Mary-Couegnias & Dio Horia

Tu présentes prochainement un Show au sein de la galerie Dio Horia à Athènes, peux- tu nous en dire plus sur la ligne directrice de ce dernier ?

L’exposition a pour titre « Spleen », terme souvent exprimé dans l’oeuvre de Charles Baudelaire pour décrire la mélancolie. Celle-ci est évoquée dans mon exposition comme une rage de vivre. Faisant écho à l’actualité et aux défis du monde, ma volonté est d’offrir une perspective poétique qui éveille l’espoir d’une respiration paisible, une quête de grâce qui a besoin d’abolir la conscience du présent. 

Tous les titres des tableaux sont des questions qui ont pour objectif de créer un lien avec le publique sur le plan humain.

Preview – Laure Mary – Galerie Dio Horia, Athènes © Courtesy of Laure Mary-Couegnias & Dio Horia

Un mot pour la fin ? 

Chaque jour est une chance, merci pour la vie. 

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