Du 7 au 18 avril 2025, la maison Phillips transforme son espace parisien en véritable écrin dédié à David Hockney, figure emblématique de l’art contemporain. Une exposition exceptionnelle y rassemble une sélection d’œuvres emblématiques issues de la quatrième vente aux enchères annuelle consacrée à l’artiste, prévue en septembre, mais aussi des pièces disponibles en vente privée et des prêts provenant de collections privées prestigieuses.
Milan Design Week : Rencontre avec Chloé Valorso, la sculptrice des âmes et des matières
Artiste, sculptrice et exploratrice spirituelle, Chloé Valorso façonne un monde où les bijoux sont des talismans, les pierres des récits, et les objets du quotidien des fragments d’âme. Rencontre au coeur de son atelier parisien, où matière et magie ne font qu’un.
Rencontrer Chloé, c’est pénétrer un monde parallèle où les matériaux parlent, les animaux guident, et la création devient un chemin de reconnexion. Une artiste à suivre de très près.

Qui est Chloé Valorso ?
Je me définis comme une « Spirit Artist ». En français, on dirait « artiste spirituelle », mais j’aime la sonorité de la version anglaise. Je suis sculptrice et artisane, je travaille autour des matières — bronze, pierre — dans une approche très intuitive, presque alchimique. Mon atelier est un véritable cabinet de curiosités où je mêle des éléments collectés lors de mes voyages, tous chargés d’une énergie que je cherche à transmettre à travers mes créations.
Tu sembles avoir développé un univers très personnel. Comment as-tu trouvé ta voie artistique ?
J’ai toujours été une enfant qui bricolait, assemblait, créait. Je collectionnais les objets, je les reliais entre eux. C’était ma manière de donner du sens au monde. C’est vraiment à Londres, à Central Saint Martins, que j’ai eu la liberté d’explorer cette créativité. Là-bas, tout était tourné vers la recherche de sa propre voix. J’ai présenté un projet autour de mon alter ego imaginaire, Bob, un dragon. Plutôt que de le rejeter, mes profs m’ont encouragée à le développer. C’est ainsi qu’est née toute une mythologie autour de lui, puis mes premières collections.
Ton approche artistique semble très liée au symbolisme et à la spiritualité. Peux-tu nous en dire plus ?
Oui, chaque création est une extension d’un rituel, d’un animal totem ou d’un état de conscience. J’ai étudié le chamanisme, la respiration consciente, et je les intègre dans ma pratique. J’ai même reçu une bourse pour aller me former à Bali à la respiration chamanique. Aujourd’hui, je propose des séances personnalisées alliant souffle, méditation et création d’amulette. Le bijou devient alors un support de transformation, profondément personnel et chargé de sens.
Comment travailles-tu dans ton atelier ? Quelle est ta relation aux matériaux ?
Tout part de l’intuition. Je touche un coquillage, une pierre, je la sens, je la modèle. Je travaille sans dessin préalable. J’utilise des cires, des pierres collectées dans des rivières, parfois des mues de serpents que je transforme en bronze. Chaque matériau a son histoire, son énergie. La pierre, par exemple, est ancienne, ancrée, précieuse. Elle impose le respect. Mes créations sont des passerelles entre le minéral, le végétal, l’animal et l’humain.
Tu as aussi développé une collection de “bijoux d’intérieur”. Qu’est-ce que cela signifie ?
Je crois qu’on peut curater son intérieur comme on soigne son corps. Mes « bijoux d’intérieur », ce sont des objets sacrés pour la maison : bougeoirs, miroirs, vases… J’y transpose les mêmes techniques que pour mes bijoux portés. J’ai aussi inventé une technique de marbre teinté inspirée des « pierres de rêve », ces agates aux motifs oniriques que l’on trouve dans les musées d’histoire naturelle. Pour moi, l’espace dans lequel on vit peut aussi être enchanté.
Un moment fort dans ta carrière ?
Mon premier solo show à Paris l’année dernière, Parure Animale, a été un moment très fort. J’y exposais mes pièces aux côtés d’œuvres animalières du XXe siècle, de Claude Lalanne ou Line Vautrin, des artistes que j’admire profondément. J’ai aussi eu la chance de remporter le Prix des Artisanes de LVMH et ELLE, une vraie reconnaissance dans un domaine encore très masculin.

Tu as parlé de collaboration sonore. Peux-tu nous en dire plus ?
Je travaille avec la musicienne Hinako Omori. Elle a composé des bandes-son pour mes expositions et pour mes rituels de respiration. Ensemble, on a créé un langage musical basé sur les éléments : l’eau, la terre, le feu, l’air, l’esprit. C’est une alchimie parfaite entre son et matière.
Ta définition du luxe ?
Le luxe, c’est l’alignement. C’est la conscience dans le processus, du choix des matériaux à l’émotion qu’il suscite chez celui ou celle qui le porte. C’est se faire du bien, faire du bien à la planète, et transmettre du sens. Le vrai luxe est intérieur.

Où peut-on retrouver ton travail prochainement ?
À la Design Week de Milan, dans l’espace Salotto Spjeldnaes, au salon Révélations à Paris en mai, et bien sûr, dans mon atelier au atelier de paris BDMMA (Paris 11e), ouvert au public une fois par mois (infos sur Instagram). Je prépare aussi un nouveau programme autour des amulettes personnalisées, mêlant respiration chamanique et bijou symbolique. C’est un projet très fort pour moi, je me sens enfin prête à le partager.

