Milan Fashion Week : Les jeunes labels a l’audace du savoir-faire italien

Dans l’épicentre de l’élégance et du style, la Milan Fashion Week a une fois de plus servi de toile de fond à l’essor d’une nouvelle génération de créateurs, insufflant une énergie fraîche et innovante dans le riche héritage du savoir-faire italien.

Avec autant de grandes maisons sur un même calendrier, il est préférable de se munir d’une loupe si l’on souhaite repérer les jeunes créateurs de demain. Quand bien meme, sous les projecteurs de cette prestigieuse passerelle, la jeune garde de créateurs a transcendé les attentes, dévoilant des visions audacieuses qui fusionnent l’héritage artisanal avec une esthétique contemporaine.

Maison Yoshiki Paris 

Premier défilé de la semaine de la mode milanaise, Maison Yoshiki Paris a présenté sa toute première collection en début de semaine dernière à l’université Bocconi. Conçue par la rock star internationale Yoshiki, la collection de 37 looks met en scène une esthétique avant-gardiste somptueuse alliant rock et glamour. Incluant vêtements, accessoires et chaussures, la ligne offre des total looks de rock star qu’on prend plaisir à envier.

On notera les drapés majestueux, les détails métalliques et les fantastiques coupes montantes qui ont attisé l’intérêt de beaucoup dans les rangs, les surnommant « dumplings ». Le tout sur une performance de l’artiste qui a interprété deux chansons en live lors de l’événement : « Nessun dorma » de l’opéra Turandot de Puccini et une nouvelle chanson en collaboration avec le musicien Hiroshi Fujiwara.

Onitsuka Tiger « Urban Winter »

Intitulée « Hiver Urbain », pour cette collection, le directeur artistique Andrea Pompillo s’inspire du Japon pour exprimer l’essence des paysages urbains hivernaux avec une finition de revêtement humide rappelant les orages soudains de Tokyo. Célébrant le 75e anniversaire de la maison, un total de 49 looks ont été présentés arborant une palette de couleurs composée du jaune emblématique avec du gris métropolitain, du noir, du beige et du noisette.

Une silhouette qui se façonne au fil des passages, les manteaux, vestes et cabans soulignent le contraste entre les épaules larges et la taille étroite avec des détails de couture tels que le rembourrage en tube et les bords-côtes. De plus, l’accent de la collection est un vêtement en laine tricotée à col zippé, inspiré de la pièce emblématique de la marque, le haut de survêtement iconique. Une collection moderne exprimant l’évolution de la marque qui interprète le patrimoine de manière actuelle.

Jarel Zhang

On découvre chez Jarel Zhang une passion pour l’art sous toutes ses disciplines. La saison dernière, il avait présenté sa collection entouré de peintres et de dessinateurs afin de donner vie à ses silhouettes sur le papier. Cette saison, il met l’accent sur l’art du spectacle, plus particulièrement la danse.

Une volonté de dissiper les frontières que l’on retrouve tout au long de la collection. Sous forme de balade théâtrale, les mannequins dansent devant nous afin de présenter la collection comme une histoire. Jonglant entre le passé et le présent, les textures, formes et silhouettes habillent l’espace entre tailoring et workwear. On se délecte de la patte du créateur pour sa vision avant-gardiste et singulière.

Avavav

Chez Avavav, on accorde autant d’importance à la collection qu’à sa présentation. Chaque saison, les spectateurs participent à un rôle immersif au cœur de la collection, que ce soit lorsque les mannequins se mêlent aux invités ou lorsqu’il s’agit de noter chaque tenue lors de leur passage. Cette saison, la maison a opté pour un format encore plus inattendu ; en effet, les spectateurs du premier rang étaient invités à lancer des détritus sur les mannequins qui défilaient.

Outre la mise en scène qui connaît un succès viral sur les réseaux sociaux, la collection elle-même est loin d’être à jeter à la poubelle. Karlsson s’écarte du streetwear et des casquettes pour proposer un vestiaire jeune et vivant : un costume à rayures, une robe chemise Oxford à capuche, une cravate en croix, un blazer plissé asymétrique, ou encore une jupe à empiècements boutonnés. Un taux de vitalité bienvenu dans notre garde de robe. 

Sunnei « Fashion thoughts »

Sunnei, pour cette saison, interroge le rôle du mannequin et de sa garde-robe, évoquant un sentiment familier que beaucoup d’entre nous connaissent. C’est un peu comme lorsque ma mère s’esclaffe en me voyant arborer un « vieux chiffon », tandis que je m’efforce de lui expliquer que c’est « couture ». Dans cette collection, le tapis rayé prend vie, enveloppant les mannequins de chutes de tissu identiques, généreusement fournies par cc-tapis, les experts du tapis géant. Des robes à franges ondulées aux hauts et jupes aux teintes caricaturales, ces pièces vestimentaires ne sont pas cousues, mais plutôt attachées avec des boutons-pression, permettant ainsi de les transformer en tapis lorsque l’envie de se prélasser se fait sentir. À la fin du défilé, les mannequins se sont étendus sur le tapis, révélant ainsi l’origine de leurs vêtements. La collaboration avec CC-Tapis remet en question les idées préconçues de circularité, brouillant habilement la frontière entre un tapis et un vêtement.

Rave Review « Hauntology »

Cette saison, Rave Review ravive le frisson de découvrir des trésors poussiéreux oubliés dans la garde-robe de votre grand-mère, en reconstituant un look à partir d’un mélange d’ancien et de nouveau. Les vêtements, fabriqués à partir de matériaux recyclés, reprennent des formes d’époques révolues, flottant harmonieusement entre le vintage des années 60 et l’esthétique de l’an 2000.

Dans son ensemble, la collection embrasse l’idée du « preppy qui a mal tourné », les silhouettes uniformes et conventionnelles prennent des tournures inattendues à travers le patchwork et la déconstruction, résultant en un look punky, chaotique, à moitié fait de manière raffinée. Autant la collection plonge dans le passé de l’histoire, autant il s’agit d’un voyage de réflexion pour la marque elle-même, faisant référence à sa propre essence en pénétrant au cœur de ce qu’est Rave Review.