La maison Balenciaga présente sa deuxième collection couture sous la direction artistique de Demna.
Luxe d’antan et d’aujourd’hui, véritables homographes
Dans le dictionnaire, le Luxe est défini comme le “caractère de ce qui est coûteux, raffiné, somptueux et exclusif”…
On parle donc ici d’objets, d’expériences, de savoir-faire, d’un mode de vie qui se veut tout sauf ordinaire et qui rassemble ce qu’il existe de plus précieux, tout domaines confondus.
Dans le monde de la mode, le terme Luxe est souvent utilisé pour faire référence aux maisons de coutures, de joailleries, ou de maroquineries qui utilisent les matériaux les plus convoités, rares et précieux. Par définition, ces objets sont censés durer dans le temps, tout en préservant toute leur qualité, mais aussi leur aspect visuel.
La haute couture, apothéose du luxe vestimentaire, réside dans l’utilisation des matériaux les plus raffinés tout en garantissant une technicité hors du commun, ainsi qu’une exclusivité certaine. Elle a connu son essor au début du 20e siècle avec des maisons telles que Chanel, Schiaparelli, Dior ou encore Balenciaga pour n’en citer que quelques-unes. Son déclin a commencé avec l’apparition du prêt-à-porter et d’une nouvelle classe moyenne qui s’est enrichie notamment pendant les 30 glorieuses, rendant ces maisons de couture plus accessible pour un plus grand nombre.

Cet essor du prêt-à-porter et de la consommation de biens, qu’ils soient vestimentaires ou de maroquineries a poussé l’industrie à se structurer autour de grands groupes financiers et d’une véritable recherche de profit, au détriment de la qualité ainsi que de l’exclusivité que ces maisons de couture avaient pourtant comme origine.
Auparavant réputées pour leurs savoir-faire ainsi que leurs designs innovants ou élégants, les maisons de luxe sont aujourd’hui valorisées par le statut qui leur est attaché. Les clients ne sont plus en quête d’une qualité durable et rare, mais d’un statut qui vise à faire rêver et envier. L’histoire grandiose d’un créateur, de ses accomplissements, de sa maîtrise, de ses particularités n’est plus la raison d’un achat, mais uniquement les outils de communication d’un système qui ne visent qu’à générer le plus de profit, en oubliant les valeurs capitales d’exclusivité, de qualité et de durabilité.

Gabriel Chanel était réputée pour son combat pour l’émancipation de la femme et pour la fin des contraintes vestimentaires grâce à des matières qui permettent le mouvement. La maison est aujourd’hui connue pour ses sacs, qui se vendent comme des petits pains aux quatre coins du monde et dont la qualité ne fait que baisser et les prix ne cessent d’augmenter.
Christian Dior était réputé pour son style et ses coupes révolutionnaire au lendemain de la guerre, un moment où les femmes avaient besoin de se sentir à nouveau belles et précieuses. La maison est aujourd’hui connue pour des sacs en toile, du maquillage et un nombre de boutiques incalculable, très loin de l’exclusivité dont la haute couture est censée se rapporter.
Cristóbal Balenciaga était réputé pour ses looks aux apparences simplistes, mais d’une construction des plus compliquées, un véritable couturier au génie incomparable. La maison est aujourd’hui connue pour ses baskets xxl ou en forme de chaussettes.
Le luxe tel qu’il était connu a disparu pour laisser place à une guerre des prix et de l’image en fond d’héritage utilisé, bafoué et sali. Le véritable luxe réside désormais dans ce qui n’est pas connu, ce qui se cache, ce qui tente de préserver une authenticité loin des spotlights, une discrétion qui n’incite pas à la consommation puisqu’elle est durable et de qualité.