Alors que le nombre de milliardaires ne cesse de croître à l’échelle mondiale, leur répartition géographique révèle des tendances fortes : fiscalité avantageuse, stabilité économique, opportunités d’investissement, influence culturelle ou proximité avec les centres d’innovation… autant de critères qui façonnent chaque année la nouvelle cartographie des grandes fortunes.
Hermès dépasse LVMH en Bourse pour la première fois depuis 2017
Ce n’est peut-être qu’un instant de gloire, mais il est hautement symbolique. Ce mardi 15 avril, Hermès a ravi à LVMH le titre de première capitalisation boursière française. Une passation de couronne furtive, certes, mais révélatrice des dynamiques divergentes au sein du secteur du luxe.
Dans la matinée, la maison Hermès a vu sa valorisation grimper à 243,65 milliards d’euros, dépassant – d’un souffle – celle du géant LVMH, tombée à 243,44 milliards selon Bloomberg. Le règne fut bref : à 10h20, LVMH reprenait la tête. Mais l’onde de choc, elle, est bien réelle.

Luxe tranquille vs. empire chancelant
Si ce renversement éphémère a été possible, c’est d’abord parce que LVMH vacille. Le titan de Bernard Arnault pâtit d’un début d’année poussif : ventes décevantes, ralentissement en Chine, désamour des Américains pour le cognac et les cosmétiques… Résultat : un plongeon de 13,4% de son action en 2024, et près de -23% depuis janvier.

À l’inverse, Hermès signe une insolente performance avec +21% sur la même période. Le secret ? Une clientèle fidèle, fortunée et insensible aux aléas économiques, des produits à la demande structurellement supérieure à l’offre, et un « pricing power » que certains analystes comparent à celui de Ferrari.

Birkin, Kelly & co : l’arme douce d’un empire solide
HSBC ne tarit pas d’éloges sur la maison du Faubourg : “Hermès continue de surperformer grâce à ses listes d’attente, ses produits iconiques et son approche prudente mais efficace de la croissance.” La Deutsche Bank va plus loin, qualifiant Hermès de “valeur la plus qualitative et défensive du luxe coté”.
Le sellier semble invincible. Même dans les segments d’entrée – soie, parfums – la maison excelle. L’effet d’entraînement des sacs stars, Birkin et Kelly, continue de porter l’ensemble de l’offre. Hermès serait même, selon les projections, le seul groupe du luxe à afficher une croissance à deux chiffres en 2025.

Une bataille d’images autant que de chiffres
Au-delà de la bataille boursière, c’est une histoire de stratégie et d’image. LVMH, mastodonte diversifié, subit de plein fouet les caprices d’un marché mondial en mutation rapide. Hermès, en artisan de son propre rythme, capitalise sur sa rareté, sa maîtrise du temps et sa fidélité à l’excellence discrète.
Alors oui, la couronne a peut-être glissé l’espace de quelques minutes. Mais le symbole est là : dans un monde incertain, c’est la maison qui en fait moins, mais mieux, qui semble tirer son épingle du jeu.
