Nadège Vanhee-Cybulski a présenté la nouvelle collection automne hiver 2024 d’Hermès ce samedi, découvrez tous les looks du défilé.
Hermès : Une Croissance élégante en temps d’Incertitude
Alors que le secteur du luxe entame 2025 avec prudence, entre ralentissements conjoncturels et fluctuations des marchés asiatiques, une maison continue de tisser sa route à contre-temps : Hermès. Tandis que les géants comme LVMH révisent leurs ambitions à la baisse, la maison à la calèche affiche une croissance rayonnante de 7,2 % sur le premier trimestre, se permettant même, fait rare, de dépasser temporairement LVMH en valorisation boursière. Une prouesse qui n’a rien d’un hasard.

Un luxe d’initiés, non d’abondance
Chez Hermès, la rareté n’est pas une stratégie marketing : c’est une éthique. Loin de la tentation inflationniste qui gagne certaines maisons concurrentes, la griffe préfère la maîtrise à la surenchère. Ses modèles emblématiques – Birkin, Kelly, Constance – ne s’acquièrent pas, ils se méritent. Chaque pièce passe entre les mains d’un artisan, parfois pendant plus de 20 heures, et devient ainsi un objet d’attente, de désir, presque d’initiation. Ce luxe-là ne crie pas, il chuchote à l’oreille de ceux qui savent écouter.
Là où d’autres multiplient les hausses tarifaires comme des parades contre l’érosion de valeur, Hermès cultive une modération volontaire. Le prix du Birkin, emblème silencieux de la maison, n’a progressé que de 2,9 % en moyenne depuis 2019, quand certains concurrents flirtent avec des hausses à deux chiffres. L’obsession n’est pas ici de paraître plus luxueux, mais de l’être profondément.

Le geste, avant le produit
Derrière cette constance, un modèle artisanal rarissime dans l’industrie contemporaine. Hermès fabrique ce qu’elle vend, et là où elle choisit de le faire. 61 ateliers sur 75 sont installés en France, abritant des milliers d’artisans formés, accompagnés, valorisés. Dans une époque où les rumeurs – parfois virales – sur la délocalisation fragilisent les marques de luxe, Hermès oppose une transparence sans esbroufe. Le geste est local, lent, maîtrisé. Loin des logiques d’externalisation, Hermès choisit l’enracinement.

Une distribution sous contrôle absolu
Hermès n’est pas en vitrine partout – c’est bien là son pouvoir. La maison reste sourde à l’appel des distributeurs tiers. Hors parfumerie, aucune concession n’est faite à la dilution de son aura. Les sacs les plus convoités ne sont visibles que dans les murs de ses 293 boutiques dans le monde, où l’expérience d’achat s’apparente à un cérémonial. Même le e-commerce, cet eldorado numérique, y reste un territoire partiel, presque confidentiel.
Dans un monde où les marques cherchent à séduire tous les regards, Hermès continue d’adresser un seul public : celui de la fidélité, de la patience, de la connaissance. Sa force réside précisément dans cette absence d’agitation. Elle ne court pas après le monde, elle le regarde passer avec assurance.
Plus qu’une marque, Hermès est aujourd’hui une philosophie. Celle d’un luxe qui ne dépend ni des tendances ni des crises, mais d’un rapport au temps, à la matière et à la transmission. Une maison qui défie les cycles parce qu’elle ne les subit pas. Une maison qui prouve que le désir véritable ne se provoque pas. Il se construit.
