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Compte à rebours, 2024-1960 chez Oana Ivan Gallery : Rencontre avec Peter Knapp

Date : 13 février 2025
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Oana Ivan Gallery à Paris met à l’honneur le photographe et artiste Peter Knapp à travers une rétrospective exceptionnelle retraçant son parcours et son impact sur l’univers de la mode et de l’art. Ouverte au public depuis le 17 janvier dernier, cette exposition inaugurale intitulée Compte à rebours, 2024-1960 se tiendra jusqu’au 17 avril 2025. Elle offre un voyage fascinant à travers l’œuvre d’un photographe ayant accompagné la transformation de la mode et l’évolution du regard porté sur elle. Rencontre.

Oana Ivan & Peter Knapp © Peter Knapp, Courtesy de l’artiste et de Oana Ivan Gallery

Rencontre avec Peter Knapp

Peter Knapp, c’est un amour pour l’art dés le départ. Encouragé par ses parents, il apprend dès l’adolescence les techniques de la peinture à l’huile et de l’aquarelle. Son sens artistique se développe avant même qu’il ne rejoigne une école d’art, ce qui forge une vision influencée par des mouvements picturaux et une approche sensible de l’image. Cette dualité entre peinture et photographie reste une constante dans son travail, comme en témoignent ses œuvres récentes où il expérimente le collage et la superposition de formes et de couleurs.

Paris, Ungaro, broderie Jakob Schläpfer, Stern, 1967 © Peter Knapp, Courtesy de l’artiste et de Oana Ivan Gallery

Devenu directeur artistique du magazine Elle à seulement 26 ans, Peter Knapp a marqué l’histoire de la mode par sa capacité à capturer le mouvement et l’énergie féminine. Dans un contexte où la photographie de mode évoluait rapidement, il a su s’adapter et redéfinir les codes visuels. « J’ai vécu deux évolutions en même temps : le changement technologique et celui de la mode. Il a fallu inventer des images », confie-t-il. Son travail reflète alors une volonté de libérer le vêtement des contraintes formelles de la haute couture pour l’inscrire dans un quotidien en pleine mutation.

Francoise Fabian, 1967 © Peter Knapp, Courtesy de l’artiste et de Oana Ivan Gallery

Une nouvelle ère

Lorsque Peter Knapp rejoint Elle, la haute couture domine encore l’imaginaire collectif. Les silhouettes sont reconnaissables et marquées par des références fortes à Chanel, Dior ou Balenciaga. Cependant, l’arrivée de créateurs comme Mary Quant et André Courrèges bouleverse cette hiérarchie : les femmes s’affranchissent des carcans vestimentaires et adoptent un style plus libre. « Subitement, la fonction était devenue aussi importante que l’apparence », observe Peter Knapp. Ce bouleversement influence sa pratique photographique : il privilégie des compositions dynamiques, où les modèles ne posent plus statiquement mais s’animent, dansant, courant, interagissant avec leur environnement. Il fait appel à des amies plutôt qu’à des mannequins professionnels, capturant des scènes de vie spontanées et éloignées des mises en scène figées de l’époque.

Peter Knapp, Dim Dam Dom, Paris, 1969 © Peter Knapp, Courtesy de l’artiste et de Oana Ivan Gallery

Une esthétique influencée par l’art et le cinéma

Knapp évoque des figures marquantes qui l’ont influencé tout au long de sa carrière. Grand admirateur de Chaplin et Fellini, il voit dans le cinéma une manière de raconter le temps et l’émotion à travers l’image. Il cite notamment Parle avec elle de Pedro Almodóvar, un film qui l’a profondément marqué par sa capacité à jouer sur l’invisible et l’émotion pure. Son style photographique reflète cette approche cinématographique, où chaque cliché semble narrer une histoire au-delà de la simple captation d’un instant figé.

Grace Jones pour Ungaro, bustier en fer de Sonia Knapp, 1968 © Peter Knapp, Courtesy de l’artiste et de Oana Ivan Gallery

Une créativité infinie entre passé et présent

L’exposition Compte à rebours, 2024-1960 illustre cette fusion entre passé et présent. Aux côtés de ses clichés iconiques des années 1960 et 1980, où l’on retrouve des figures comme Rita Scherrer ou Grace Jones, Peter Knapp expose des œuvres plus récentes réalisées en 2023. « Je ne me suis jamais beaucoup occupé de la couleur. J’aime bien l’abstraction de la photographie en noir et blanc, son aspect dramatique, théâtral. Ici, j’ai puisé dans mes archives et j’ai fait des collages que j’ai scannés avant de les imprimer sur toile. À la fin, je les ai retravaillés, manuellement, avec de la gouache, par exemple », explique-t-il. Cette approche témoigne de son désir constant d’expérimenter et d’explorer de nouvelles formes d’expression.

Lac bleu, 2024 © Peter Knapp, Courtesy de l’artiste et de Oana Ivan Gallery

À travers cette rétrospective, Peter Knapp nous rappelle l’importance de l’expérimentation et de l’évolution constante. Son travail, à la croisée de l’art et du reportage visuel, demeure une source d’inspiration pour les générations actuelles et futures. Compte à rebours, 2024-1960 ne se contente pas de présenter un parcours ; elle nous invite à redécouvrir un regard qui a su capter l’essence du mouvement et du temps, tout en anticipant les mutations de la mode et de la photographie.

Azzedine Alaïa et Marcie Hunt, pour Stern, 1981 © Peter Knapp, Courtesy de l’artiste et de Oana Ivan Gallery
Rita Scherrer, Dior haute couture, 1967 © Peter Knapp, Courtesy de l’artiste et de Oana Ivan Gallery

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