Rencontre avec Freja Settergren, la co-fondatrice de Rent Club, cette application de location de vêtements parisienne aux ambitions bien définies.
Paris Fashion Week Printemps/Été 2023 : Ce qu’il faut retenir ou oublier
La Fashion week est désormais finie. Moment idéal pour revenir sur les événements marquants, les tendances apparues ainsi que les labels émergents.
Plus d’une centaine d’évènement se sont tenus à Paris, 64 défilés, 42 présentations et multiples showrooms. De quoi fatiguer mannequins, journalistes et acheteurs. Un retour à la normale attendu depuis le début de la pandémie mondiale, mais à l’heure où le monde demande un ralentissement du cycle de la mode pour prendre soin de l’environnement, ce retour en arrière n’est peut être pas à célébrer…
Balenciaga a remué la planète mode avec un défilé dans la boue, nécessitant des tonnes d’eau et de boue, d’où venaient-elles et qu’est ce qui a été mis en place pour compenser l’empreinte carbone ? Saint Laurent recréant une fontaine ainsi qu’une terrasse en brique sur une fontaine déjà existante pour prouver son pouvoir financier, Courrèges installant une fontaine de sable en plein Paris, ou encore Stella McCartney, malgré son engagement apparaissant sans faille pour l’écologie, félicitant une bande d’amis d’avoir spécialement pris l’avion pour ne voir que son défilé, la mode, pleine de contradictions et de paroles en l’air a fait son retour en grande pompe à Paris.
Comment parler de cette Fashion week sans parler des stars, qu’elles soit en front row, dans les rues de Paris ou bien sur le podium des défilés. Grande arrivée de Doja Cat, rappeuse américaine au millions de fans qui l’ont suivie en hystérie dans tout Paris épiant chaque déplacement, chaque geste, chaque sourire. Deux New yorkaises entendues lors d’un défilé disaient, « mais mon dieu quelle est cette obsession française avec les stars, on ne fait pas ça du tout à New York ». Les medias ne parlent que des mannequins, des célébrités pointant le bout de leurs nez, Bella Hadid est irremplaçable, présente sur tous les shows, elle en vole même la vedette aux designers et aux créations… En quête d’images et de buzz sur les réseaux sociaux, on en oublie la raison de notre venue.
Il est quand même nécessaire de parler de ce qui a marché, les nouveaux talents qui se présentent, se consolident et défendent des idéaux et des innovations. Nécessaire donc de parler d’Ester Manas, jeune duo créatif belge qui révolutionne le vêtement pour toute les tailles et morphologies, un message fort mais qui ne devrait malheureusement pas faire autant de bruit, preuve que le chemin est encore long pour arriver à une acceptation de tout les corps.
Le jeune label Atlein est aussi à saluer. Très regardant des provenances de ses tissus, upcyclés, recyclés, alternatives industrielles, stocks oubliés, circuit court, toutes les solutions sont bonnes pour porter un message vital sur les podiums. Pleine de mouvements, de drapés, et d’éloges du corps féminin, la marque est inspirante et inspirée des mouvements marins.
Chez la jeune garde de Atlein, à Ester Manas en passant par Ludovic de Saint Sernin, ou encore Ottolinger, les corps sont mis à l’honneur, d’une manière ou d’une autre. La sexualité libérée est mise en avant, on ne cache presque plus rien, on utilise de la transparence, des laçages, des « cut out » dans tous les sens. Attention cependant à ne pas déraper dans la glorification des corps minces qui va de paire avec cette tendance des années 2000 des coupes minis et sexys.
The Row fait preuve de régularité et de continuité pour son vestiaire, les coupes sont larges, les couleurs sont justes, la femme est forte et sûre d’elle. Voilà une marque qui ne se perd pas dans des fastes inutiles, elle s’en tient à son ADN qui plait et qui n’est pas ridicule ou en recherche de popularité.
Nous ne pouvons parler de la Fashion week de Paris sans mentionner l’événement Yeezy, avec la neuvième collection de Kanye West découverte il y a quelques jours. Une présentation de dernière minute qui a rassemblé l’élite journalistique de l’industrie. Un rassemblement qui a viré au scandale après l’apparition de Kanye West portant un tee-shirt « White Lives Matter » sûrement justifié par une dénonciation, un humour noir ou peu importe. Cet affront, cette provocation ne passe pas, cela en est trop venu d’un homme connu pour son racisme, son homophobie et sa tendance bipolaire. Cette élite journalistique a répondu à son appel pour prouver une quelconque supériorité, en délaissant les jeunes créateurs qui présentaient ce soir là, tout ça pour se retrouver face au ridicule d’un homme instable. Une image peu glorieuse qui montre bien le problème égocentrique et élitiste d’un cercle restreint qui ne veut que prouver son statut supérieur.
Une Fashion Week qui se conclut donc de façon mitigée, un retour créatif et une jeunesse pleine de revendications et de combats sociaux qui fait face à des maisons aux budgets infinis qui ne se soucient qu’en façade des enjeux écologiques. Une démocratisation des tendances des années 2000 qui, sans encadrement pourraient faire resurgir une mode restrictive et réservée aux corps dénués de formes.