Et si la marque de luxe la plus appréciée au monde n’était pas née sur les podiums de la mode mais sur les circuits automobiles ? C’est l’une des révélations inattendues du rapport annuel Luxury & Premium 2025 publié par Brand Finance. Alors que les signes d’un ralentissement global de la consommation planent sur le secteur, les maisons les plus emblématiques semblent plus résilientes que jamais, repoussant les turbulences avec la grâce d’un moteur parfaitement huilé.
Louis Vuitton Croisière 2026 : Un défilé d’éclats baroques et d’audace théâtrale au Palais des Papes
Dans la solennelle Cour d’honneur du Palais des Papes d’Avignon, haut lieu du théâtre et de l’histoire, Nicolas Ghesquière a dévoilé une collection Croisière 2026 magistrale. Là où les passions se déclamaient jadis en alexandrins, la maison Louis Vuitton a préféré une mise en scène sensorielle, viscérale, convoquant à la fois mémoire et avenir dans une scénographie d’une grande intensité.


C’est un lieu qui lui est cher. Ghesquière, tout jeune encore à l’aube des années 2000, y découvrait les installations de Bill Viola et les performances hybrides de Pina Bausch, au détour de l’événement “La Beauté in Fabula”. Cette collision entre art contemporain et patrimoine gothique l’avait marqué. Vingt-cinq ans plus tard, il y revient, en maître de cérémonie, pour faire défiler sa vision du vestiaire de demain.

Et quel vestiaire ! Il y a là des héroïnes à la Jeanne d’Arc, des silhouettes dignes des poèmes d’Elaine ou des riffs de guitare de Janis Joplin. L’armure se fait robe, les capes se raccourcissent, les damassés de métal captent la lumière comme une fresque divine. L’opulence médiévale croise les échos rock d’une génération en quête de sens et de liberté. Les vêtements scintillent, vibrent, racontent. Chaque pièce semble invoquer un esprit : celui du passé, celui du futur, ou celui d’un instant suspendu dans la lumière dorée d’Avignon.


Le travail du cuir, délicatement gaufré, s’inspire des enluminures anciennes ; les sacs arborent les codes du malletier avec des clins d’œil aux mythiques serrures des Side Trunk. Les vestes à la coupe chevaleresque flirtent avec les lignes punk, tandis que des bottes cavalières démesurées ancrent les silhouettes au sol comme des armures précieuses.

La scénographie pensée par l’artiste Es Devlin joue elle aussi la carte de l’inversion poétique : cette fois, les gradins sont vides, le public assis sur scène. Le spectateur devient acteur, invité à vivre l’intensité du moment dans un dialogue subtil entre création et contemplation.

Et dans ce théâtre en pierre, résonnait la musique de William Sheller. Le titre “Excalibur” portait les pas des modèles, liant la grâce au mystique, et la force à la délicatesse. En clôture, quelques sacs sculptés en bois, œuvres du jeune artiste Thomas Roger, venaient rappeler que chez Louis Vuitton, l’artisanat est aussi contemporain que précieux.

Parmi les invités, Emma Stone, Cate Blanchett, Brigitte Macron et Pharrell Williams — témoins d’un moment rare. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : plus qu’un défilé, un manifeste. Un conte moderne où l’étoffe devient parole, la mode, un langage, et le patrimoine, un décor vivant.

Avec cette collection Croisière, Nicolas Ghesquière confirme qu’il est l’un des grands dramaturges de la mode. Et à Avignon, dans le sanctuaire papal, il a su convoquer tous les fantômes de l’histoire pour en faire des muses lumineuses.Tools
