Pour sa première exposition personnelle à New York, Laure Mary dévoile un travail d’une rare intensité, où l’absence devient matière et le silence, un langage. Longtemps associée à des compositions vibrantes et oniriques, l’artiste française opère ici un dépouillement radical, né d’un geste intime : se délester de tout, sauf des livres qui l’accompagnent. De cette épure surgit une peinture plus nue, plus incisive, où chaque détail agit comme une énigme à résoudre. Being Normal Is Really Not Normal est une invitation à contempler l’inattendu : un œuf fissuré, une lumière sous une porte, des fragments suspendus entre apparition et disparition. À la manière d’Hemingway et de Bret Easton Ellis, dont les mots hantent discrètement l’exposition, Laure Mary explore la dramaturgie de ce qui manque, la puissance de ce qui n’est pas dit. Ses toiles, à la fois claires et troublantes, rappellent que la normalité est une illusion, que la vérité se cache dans les interstices, et que la beauté surgit souvent là où l’on a osé retrancher.
Robert Nava : Le maître du bad painting à l’honneur au sein de la galerie Sorry We’re Closed
La pépite américaine que les collectionneurs d’art contemporain s’arrachent présente un nouveau Solo Show à Bruxelles, en Belgique, au sein de la galerie Sorry We’re Closed.
Le jeune artiste (né en 1985), est, effet, devenu très convoité à l’instar d’étoiles montantes de l’art contemporain comme Eddy Kamuanga Ilunga, Ryan Mosley, Aboudia ou Eddie Martinez. Récemment, deux rétrospectives consacrées à l’artiste ont fait carton plein à Los Angeles et à Copenhague. Surtout, le « phénomène Nava » s’est concrétisé sous le marteaux de Phillips en juin dernier. Pour une de ses premières vacations internationales, Nava a vu s’envoler à plus de 160 000 dollars – soit quatre fois son estimation basse – sa toile The Tunnel, un diptyque réalisé en 2019. Un résultat prometteur qui s’est revérifié par trois fois chez Christie’s le 23 octobre dernier avec des adjudications d’oeuvres sur papier et de peintures doublant voire triplant les estimations de départ.
Celui qui se targue de réaliser ses toiles « soigneusement mal exécutées » en moins de trente secondes revient jusqu’au 19 décembre à la galerie bruxelloise Sorry We’re Closed. Celle-ci expose les acryliques sur toile de l’artiste, la nouvelle coqueluche du « bad painting », un courant artistique né outre-Atlantique vers 1970 et inspiré des arts de la rue. Le mouvement puise également ses sources dans des idéologies marginales – comme le rock ou le punk – le style artistique est en opposition à l’art intellectuel et conventionnel.
Une exposition bienvenue à l’heure d’une pandémie mondiale, plongeant le globe dans une période quelque peu morose. Car Nava ne se contente pas de peindre. Son univers audacieux, lumineux et indiscipliné – notamment inspiré de la « figuration libre » d’artistes tels que Keith Haring, Peter Saul ou Jean-Michel Basquiat – transporte le spectateur {de la toile} dans un monde fantastique.
Créatures mystiques voire mythologiques sortent de son inconscient et prennent vie grâce au trait de pinceau énergique et enfantin propre à Nava. Pour cette exposition personnelle, Sorry We’re Closed a choisi d’exposer des nouvelles toiles allégoriques qui questionnent sur le jour, la nuit, le visible et l’indicible. En tout état de cause, l’artiste a voulu interroger et déranger. « Je voulais faire quelque chose de bienveillant, mais à première vue cela semble effrayant … Comme si l’aube et sa lumière étaient restées derrière. On ne sait finalement pas dire si la journée commence ou si elle se termine », explique Robert Nava. Pari réussi.