Au cœur de la Rive Gauche, entre l’Esplanade des Invalides et la rue de l’Université, Valériane Lazard a composé un refuge qui semble respirer au rythme du jour. Ici, la lumière ne s’impose pas — elle effleure. Elle glisse sur le chêne clair, se pose sur le marbre Arabescato, s’attarde sur les drapés d’un lin ivoire. Chaque matière parle bas, dans une langue de douceur et de justesse.
LGM House : L’épure tropicale du modernisme brésilien signée Luciano Dalla Marta
À deux heures de São Paulo, la route s’enfonce dans un océan de vert, puis soudain, une ligne se dessine, nette, horizontale, presque silencieuse. La LGM House apparaît comme un mirage d’architecture moderne posée au cœur de la végétation tropicale. Conçue par Luciano Dalla Marta pour une jeune famille, cette demeure raconte le Brésil autrement, une modernité apaisée, enracinée dans la nature et ouverte sur la lumière.

L’harmonie comme manifeste
Ici, le béton respire. Les pavillons s’abritent sous de larges auvents en bois et en acier Corten, le soleil filtre à travers les écrans muxarabi — ces délicats treillis de bois hérités de l’artisanat portugais, réinterprétés en version brésilienne. La lumière s’y dépose comme une matière mouvante, dessinant des ombres qui changent d’heure en heure. À l’intérieur, le regard se perd dans une continuité sans heurt entre les espaces de vie et le jardin, comme si l’architecture s’était effacée pour laisser parler le paysage.



Les volumes sont simples, presque monastiques : deux blocs — l’un pour vivre, l’autre pour se retirer — reliés par une passerelle qui glisse entre les feuillages. Les lignes modernistes de Dalla Marta y trouvent une nouvelle douceur, celle d’un habitat pensé comme un refuge sensoriel.


Le jardin comme seconde peau
Le paysage, signé Rodrigo Oliveira, est bien plus qu’un décor : c’est le souffle du lieu. Inspiré par les forêts tropicales, les jardins japonais et les terrasses italiennes, il compose ici un dialogue subtil entre architecture et nature. « Le jardin ne doit pas être séparé de la nature », explique-t-il. « Il doit prolonger ce qui existe déjà, devenir une interface harmonieuse entre le bâti et le vivant. »

Ainsi, la végétation s’invite jusque dans les intérieurs : sous les puits de lumière, des parterres luxuriants montent à la rencontre du ciel, tandis que les couloirs et cages d’escaliers s’ouvrent sur des percées vertes. À l’extérieur, la maison se fond dans une ceinture végétale dense, une canopée tissée de feuillages qui la protège et l’ancre dans le paysage, sans barrière ni clôture.

Un écosystème d’élégance
Sur le toit, un jardin suspendu prend le relais : herbes aromatiques, plantes couvre-sol, essences locales. La terrasse devient un observatoire du vivant, un lieu de détente au-dessus du monde, où l’on se sent enveloppé par la nature. La diversité botanique est célébrée dans chaque recoin : aucune espèce dominante, mais un chœur de textures et de nuances. Le vert y règne, ponctué de blancs discrets — jasmins, gardénias — dont le parfum flotte comme un murmure.

« Je conçois le jardin comme un espace de contemplation et de sensations », confie Oliveira. « Les formes, les tailles, les textures dialoguent pour créer un équilibre naturel. C’est une approche biophilique du design : la nature comme source de bien-être. »

Un art de vivre tropical
Au-delà de sa beauté, le jardin agit comme un régulateur : il crée un microclimat qui réduit la chaleur et le besoin de climatisation. Il nourrit aussi la maison, grâce à un potager et un verger où poussent jaboticabas et goyaviers. Dans cette symbiose entre architecture et nature, le quotidien devient rituel : cueillir, respirer, écouter la pluie sur le béton, voir la lumière danser à travers le bois.
« Le paysage tropical n’est pas un décor », conclut Oliveira. « Il est l’essence même du lieu. Il lie la maison à la terre, et lui donne le sentiment d’appartenir à quelque chose de plus grand. »
