À flanc de colline, dans la région préservée d’Es Cubells, une villa semble s’arracher à la roche pour mieux se fondre dans la lumière méditerranéenne. Rigoureuse dans sa structure, mais profondément habitée par la douceur de ses intérieurs, cette demeure brutaliste conçue par l’architecte Antonio Baroncelli et habillée par Visionnaire redéfinit l’idée même de refuge à Ibiza.
Propriété : La vision cinématographique d’Hugo Toro
Il est des intérieurs qui ne se visitent pas : ils se traversent comme on entre dans un film, baignés d’ambiances, de textures et de lumières. À deux pas des Buttes-Chaumont, Hugo Toro a donné vie à un appartement pensé comme une suite d’hôtel imaginaire, où chaque détail convoque le décor d’une scène. Ce lieu rare, mis en vente par l’agence Barnes, porte la signature singulière d’un créateur qui aime brouiller les repères du temps et des styles.
Pensé comme un décor de film, l’appartement se déploie dans une atmosphère où chaque détail semble issu d’un scénario invisible. Les jeux de lumière, les matières réfléchissantes, les contrastes de couleurs vives et de textures profondes composent un cadre qui pourrait servir de toile à une intrigue imaginaire. À la manière d’un réalisateur, Hugo Toro orchestre les perspectives et les volumes pour provoquer des émotions, transformant le quotidien en mise en scène. Ici, les pièces ne sont pas seulement habitées : elles racontent, comme au cinéma, une histoire qui se déroule au rythme du regard de ceux qui les traversent.
Dès le seuil franchi, l’immeuble des années 1960-1970 impose son langage. Son hall, orné d’un damier floral, a soufflé à l’architecte un motif qu’il réinvente à l’échelle de l’appartement : un sol en travertin rouge et blanc, étendu comme une toile géométrique, fil conducteur d’une mise en scène où l’espace devient narration.

Le salon s’ouvre comme un écrin feutré : un canapé en velours Pierre Frey, dessiné sur mesure, dialogue avec une table basse des années 1970 et des verres Masséna signés Baccarat. Les murs se parent de fragments d’histoires — une selle marocaine, une applique en verre de Murano, un lampadaire-cocotier — témoins d’un goût du métissage où la mémoire des objets nourrit l’instant présent.

Dans la salle à manger, une table laquée rouge, imaginée par Toro, s’impose comme un manifeste. Autour, les chaises vintage des années 1970, un vase XIXe ou une lampe Tiki des années 1980 révèlent le plaisir d’associer époques et matières. Plus loin, le regard glisse vers un dressing en noyer, une salle de bain habillée de faïence cannelée ou encore une baignoire ponctuée d’une sculpture de sirène, autant d’éléments qui transforment l’espace intime en tableau vivant.
Influencé par ses racines mexicaines et l’univers coloré de Luis Barragán, Hugo Toro infuse son travail d’une sensualité picturale. Ici, la laque jaune du plafond prolonge l’éclat d’anciens tissus moirés, le vert d’eau d’un papier peint retravaillé à la chaux évoque les patines du temps. À la manière d’un chef opérateur, l’architecte orchestre jeux de reflets et contrastes de matières, restituant une atmosphère presque cinématographique.
À seulement 34 ans, Hugo Toro multiplie les projets d’exception — de l’Orient Express La Minerva à Rome au Mas Candille sur la Côte d’Azur — et confirme son goût pour des univers immersifs, souvent empreints d’une douce étrangeté. Avec cet appartement parisien, il compose un espace hors du temps, ouvert, lumineux, vibrant de récits.

« Pour moi, il n’y a rien de plus apaisant qu’une chambre d’hôtel », confie-t-il. C’est cette idée d’un luxe intime, pensé pour le confort et l’évasion, qui guide le projet. Plus qu’un appartement, il imagine une suite personnelle, un lieu de passage devenu destination.
Un refuge rare, conçu comme une fiction à habiter, où l’art de vivre se confond avec l’art de rêver.