Longtemps symbole d’autorité ou de rigueur, le costume a aujourd’hui retrouvé toute sa noblesse, sans jamais perdre de sa modernité. Bien plus qu’un simple uniforme, il est devenu une extension du style personnel, un moyen d’expression sophistiqué qui conjugue confort, allure et caractère. Choisir le bon costume pour homme, c’est embrasser un art subtil, fait de coupes, de tissus, de détails presque invisibles mais essentiels. Un art du choix qui ne laisse rien au hasard.
Dior Homme : Jonathan Anderson prend la tête de la création masculine
Le rideau vient de se lever sur l’un des plus grands actes du théâtre de la mode contemporaine. Jonathan Anderson prend les rênes de la direction artistique de Dior Men, une maison mythique du groupe LVMH qui, depuis toujours, conjugue l’audace au prestige. L’annonce, officialisée avec la solennité que mérite un tel passage de témoin, a été confirmée par la Maison elle-même. Le créateur nord-irlandais dévoilera son tout premier défilé Dior Homme le 27 juin à Paris, à 14h30. Le moment est déjà entouré d’un parfum d’attente fébrile.
C’est Bernard Arnault en personne qui a glissé l’information à ses actionnaires lors de l’assemblée générale du groupe. Une annonce stratégique, parfaitement orchestrée, qui redonne un coup de projecteur bienvenu sur LVMH, dans un contexte où la rivalité avec Hermès n’a jamais été aussi serrée, ni les attentes du public aussi grandes.
Un héritage précieux, un œil affûté
À 40 ans, Jonathan Anderson n’est plus un prodige en devenir — il est un visionnaire établi. En quittant récemment Loewe, qu’il a magistralement transformée en une décennie, il laisse derrière lui une maison méconnaissable tant elle a pris de l’ampleur sous sa direction. Le chiffre d’affaires de Loewe a été multiplié par quatre, franchissant la barre symbolique du 1,5 milliard d’euros. Mais ce ne sont pas seulement les chiffres qui impressionnent : c’est la manière. La rigueur avec laquelle Anderson a façonné un univers. Un langage. Une émotion.
Chez Loewe, il a rendu désirable ce qui paraissait décalé, réconcilié le minimalisme espagnol avec la flamboyance narrative, et donné naissance à des objets de culte — le sac Puzzle en tête, sans oublier ses silhouettes pixelisées, ses fleurs sculpturales et ses collaborations singulières, de Daniel Craig à Zendaya. À travers la Loewe Foundation, il a aussi élevé l’artisanat au rang d’art avec le Craft Prize, mettant en lumière des savoir-faire rares menacés par la modernité. Un geste de transmission, empreint de respect et de radicalité.

Un conteur chez Dior
Ce qui distingue Anderson, c’est avant tout sa capacité à raconter. Chaque collection est une fable. Une exploration d’un monde intime, souvent poétique, parfois étrange, toujours élégamment subversif. Son approche du vêtement est presque littéraire : un chapitre après l’autre, il bâtit une œuvre. Son langage esthétique floute les genres, joue avec les volumes, les matières et les codes établis pour mieux les faire éclater.
Dior Men, sous sa plume, promet donc une réinvention. Une métamorphose. Il ne s’agira pas de prolonger l’ère Kim Jones, mais bien d’enclencher un nouveau cycle. D’y insuffler un imaginaire moins linéaire, plus imprévisible. Un souffle romantique et singulier, à l’image de ce créateur autodidacte, passionné de théâtre et de mots, qui s’est formé au London College of Fashion et a fait ses armes dans les coulisses de Prada avant de fonder sa marque éponyme, JW Anderson, en 2008.
L’arrivée de Jonathan Anderson dans l’univers Dior a de quoi troubler les lignes d’un mercato mode déjà en ébullition. Alors que Kim Jones a quitté la maison en janvier dernier, certains murmuraient qu’Anderson serait pressenti pour diriger également les collections féminines. Pour l’heure, il ne s’occupera que de l’univers masculin — mais qui sait pour combien de temps ? La mode se joue aussi dans les interstices.
En coulisse, les grandes manœuvres se multiplient. Gucci a récemment confié son style à Demna, tandis que Chanel a surpris en nommant Matthieu Blazy. Dior, en choisissant Anderson, opère un virage assumé : celui de la narration, du geste singulier, de la création-pensée.
L’entrée de Jonathan Anderson chez Dior Men incarne une nouvelle ère, où le vêtement n’est plus simple parure, mais vecteur de sens, d’histoire, de mémoire. À une époque où les Maisons cherchent à conjuguer excellence et storytelling, authenticité et audace, le choix d’Anderson apparaît comme une évidence. Lui qui manie aussi bien le pli qu’un vers, aussi bien la matière brute qu’un concept, semble taillé pour inscrire Dior dans un récit inédit. Plus littéraire. Plus incarné.
Rendez-vous en juin pour le premier acte. Les mots ne suffiront plus. Ce sont les silhouettes qui parleront.
