Sous la nef du Grand Palais, un nouveau ciel Chanel s’est levé. Un cosmos de sphères lumineuses, suspendues comme des planètes de tulle et de lumière, annonçait le commencement d’une ère nouvelle : celle de Matthieu Blazy, désormais maître du firmament de la rue Cambon. Le premier défilé du créateur franco-belge pour la maison la plus mythique de la mode ne se contentait pas d’être attendu : il promettait une révolution douce, un souffle, une respiration dans la légende.
Hermès : Une nouvelle ère masculine signée Grace Wales Bonner
Une page se tourne, une autre s’écrit, avec la même exigence, la même lumière. Après trente-sept années sous la direction visionnaire de Véronique Nichanian, l’homme Hermès s’apprête à vivre une renaissance. La maison parisienne, gardienne d’un certain art du geste et du silence, a choisi Grace Wales Bonner pour lui offrir un nouveau chapitre, à la fois audacieux et fidèle à son âme.
À tout juste trente-trois ans, la créatrice britannique d’origine jamaïcaine incarne cette génération de talents capables de conjuguer héritage et modernité, rigueur du tailoring et liberté d’esprit. Fondatrice de sa marque éponyme, Wales Bonner, elle s’est imposée depuis dix ans comme une voix singulière dans la mode contemporaine : érudite, spirituelle, traversée par la musique, la poésie et la mémoire.
Entre élégance et identité
Diplômée de la Central Saint Martins, Grace Wales Bonner conçoit le vêtement comme un langage — un terrain de dialogue entre les cultures, les corps et les récits.
Sa signature : un vestiaire métissé, à la fois savamment construit et imprégné de douceur. Entre la précision du costume britannique et les rythmes caribéens de ses racines, son univers relie le raffinement européen à une esthétique globale nourrie d’histoire, de spiritualité et de savoirs artisanaux.
À travers ses collections, la créatrice évoque souvent la mémoire coloniale, les échanges culturels, les hybridations du monde. Un propos d’une rare profondeur dans la mode masculine, qui lui a valu de multiples distinctions : le LVMH Prize en 2016, le CFDA Award du designer masculin de l’année en 2021, ou encore le British Fashion Award en 2024.

L’homme Hermès
Sous sa direction, Hermès s’apprête à écrire une nouvelle grammaire du masculin, plus fluide, peut-être plus introspective. La maison évoque déjà une “vision contemporaine de la mode, de l’artisanat et de la culture”, célébrant “le goût et la curiosité de Grace pour la pratique artistique”, selon Pierre-Alexis Dumas, directeur artistique général.
Cette nomination résonne comme une évidence : chez Hermès, la création ne cherche pas le bruit mais la justesse. Elle se déploie dans le temps long, dans le respect des gestes et des matières. Wales Bonner, elle aussi, s’inscrit dans cette temporalité rare : celle d’une pensée patiente, ancrée dans la culture autant que dans la coupe.

L’héritage
Véronique Nichanian, qui présentera son ultime défilé en janvier 2026, laisse derrière elle une empreinte profonde — celle d’une élégance discrète, d’un dialogue entre classicisme et liberté, de l’idée d’un homme Hermès à la fois ancré et aérien.
À partir de janvier 2027, lors de la Semaine de la mode masculine de Paris, Grace Wales Bonner présentera sa première collection pour la maison. Une rencontre entre deux formes de beauté : celle du cuir et du verbe, de la précision et du rêve. Hermès, maison du geste et du temps, semble avoir trouvé en elle une héritière à sa mesure — une créatrice pour qui la mode n’est pas seulement un vêtement, mais une forme de pensée, un art de l’équilibre entre héritage et horizon.
