Sous les ors de la mythique Salle des Étoiles, nichée au cœur du Sporting Monte-Carlo, une nouvelle constellation s’apprête à briller. Le 25 octobre 2025, Monaco accueillera la toute première édition de son Grand Prix de la Haute Joaillerie, un événement d’envergure internationale imaginé pour célébrer l’art joaillier sous toutes ses facettes.
Graff, 65 ans de lumière : L’Infinity comme manifeste
À Shanghai, le temps s’est arrêté un instant. Sous les voûtes futuristes de The Orbit, un diamant en forme de cœur, 157,80 carats, couleur D, a semblé reprendre le souffle du monde. Graff célébrait soixante-cinq ans d’excellence, et choisissait de le dire avec un symbole : le diadème Infinity, serti du diamant Infinity, miracle d’équilibre et de pureté taillé dans un brut de 373 carats découvert au Botswana, dont la cartographie minérale épousait, saisissante coïncidence, les contours du légendaire Lesedi La Rona de 1 109 carats.

Ce n’est pas un simple anniversaire : c’est une généalogie de l’éclat. Depuis 1960, Laurence Graff OBE aura bâti plus qu’une maison de joaillerie ; il aura inventé une manière de regarder la matière. Une intuition presque surnaturelle, « un sixième sens » disent les connaisseurs — pour deviner l’âme des pierres. De l’atelier de Hatton Garden à l’échiquier mondial, Graff a imposé une ligne : style intemporel, audace technique, obsession de la perfection.

Infinity, le cœur et le geste
Infinity porte bien son nom. Taillé en cœur, le diamant de 157,80 carats ne se contente pas de briller : il respire. Dans la monture, tout parle d’air et de ligne : l’architecture sert le rayonnement sans jamais alourdir la pierre, comme si le métal se retirait pour laisser circuler la lumière. On y lit la même maîtrise que celle déployée en 2017 autour du Lesedi La Rona, métamorphosé par Graff en un 302,37 carats taille émeraude, d’une couleur et d’une pureté que le GIA lui-même qualifia d’exceptionnelles, le plus grand diamant carré taille émeraude certifié à ce niveau.

L’exposition, inaugurée en Asie avant de voyager, déroule ce roman minéral : pièces d’archives, photographies inédites, et une chronologie des pierres qui ont façonné la légende de la maison. On y croise la Star of Bombay (47,39 ct), qui popularisa le jaune avec panache ; l’Empress Rose (70,39 ct), Light Pink Internally Flawless à l’éclat de rosée ; le Wittelsbach-Graff (31,06 ct), re-taillé jusqu’à atteindre le rang de Fancy Deep Blue IF, autant de jalons qui racontent une main, un œil, une tenue.

Une exposition comme un voyage
Shanghai (dès le 3 septembre 2025), puis Singapour (15–26 octobre) et Hong Kong : la tournée mondiale pose ses valises là où s’écrit aujourd’hui une part de la culture du beau. On y découvre, aux côtés des mythes, des créations de Haute Joaillerie inédites, choisies par la famille Graff, et les signatures devenues emblèmes — jusqu’à l’iconique Tilda’s Bow, ruban figé dans l’instant, souple comme une respiration.

Ce parcours n’est pas qu’une rétrospective : c’est un atelier ouvert. Il dit le savoir-faire londonien, la taille pensée pierre par pierre, le dessin au service du feu intérieur. Chaque serti se veut architecture de lumière, chaque biseau un angle sur l’éternité. À l’arrière-plan, la continuité familiale : aujourd’hui, François Graff préside à la destinée de la maison, fidèle à l’esprit fondateur, audace mesurée, précision absolue.

Le style Graff, ou l’art de révéler
On reconnaît les bijoux Graff à leur silence sonore : ils ne crient jamais, ils irradient. La virtuosité s’y mesure au degré d’effacement du métal, à la manière dont la monture s’efface pour magnifier la gemme. Tout est calcul au quart de millimètre, mais le résultat tient de l’évidence : un éclat net, une pureté sans emphase, une émotion nette. C’est la signature d’une maison qui a fait des diamants hors norme non des trophées, mais des histoires portables.

Soixante-cinq ans, et après
Raconter Graff, c’est accepter de parler d’extraction et de transfiguration, de la terre au ciel. C’est admettre que la beauté la plus rare réclame la main la plus sûre, la patience des tailles, la science des proportions. C’est, surtout, comprendre une promesse : transformer les merveilles cachées en émotions visibles.


Alors oui, 65 ans. Mais l’Infinity n’est pas un point final, c’est un avant-propos. Il scelle une conviction qui habite la maison depuis le premier jour : dans un diamant, la lumière n’appartient à personne. Elle passe. Le joaillier, lui, n’en est que le gardien. Graff en a fait son métier, et, depuis 1960, son art.
