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Valentino « Le Méta-Théâtre des Intimités » : Quand l’intime se révèle dans l’inattendu

Date : 9 mars 2025

Sous la direction créative d’Alessandro Michele, la collection Automne/Hiver 2025 incarne une dualité saisissante où l’intimité se conjugue avec l’exubérance d’un espace public.

Le dernier défilé Valentino a bousculé les codes du luxe avec une mise en scène aussi surprenante qu’inoubliable : un défilé dans ce qui ressemble à des toilettes publiques, mais entièrement revisitées en Valentino rouge. Sous la direction créative d’Alessandro Michele, la collection Automne/Hiver 2025 incarne une dualité saisissante où l’intimité se conjugue avec l’exubérance d’un espace public.

S’inspirant d’un lieu anodin – les toilettes publiques – Michele a transformé ce cadre en un théâtre de l’intime et du contradictoire. Les toilettes, avec leurs carreaux rouges et leur éclairage néon, se métamorphosent en un espace « dystopique, dérangeant, à la Lynch » où l’on se retrouve à la frontière du public et du privé. L’idée, selon Michele, était de créer un « counter place » où l’intimité se joue dans un environnement habituellement considéré comme banal.

Tout en adoptant cette scénographie audacieuse, la collection puise dans l’héritage du légendaire Valentino, synonyme d’élégance et de raffinement. Michele ne cherche pas à rompre avec le passé, mais à en redécouvrir l’âme, cette sensualité discrète qui a toujours caractérisé la maison. Ainsi, les silhouettes rappellent parfois les codes du Valentino des années 1980 : tailleurs impeccablement coupés, robes de soirée aux épaules affirmées, et touches de rouge, couleur emblématique qui incarne à la fois passion et péché.

Pour Alessandro Michele, le concept de sensualité ne se limite pas à l’érotisme traditionnel. « Valentino avait une idée très sensuelle de la femme, » confie-t-il en amont du spectacle. Pour lui, l’approche est plus « pornographique », une célébration du corps dans toute sa splendeur, presque d’un point de vue païen à la Dionysiaque. Cette sensualité se décline dans des détails minutieux : des bustes à peine voilés par de la dentelle Chantilly, des découpes audacieuses et des tissus transparents qui laissent entrevoir la peau. Chaque création est une invitation à redécouvrir la beauté du corps, tout en rendant hommage à l’héritage sophistiqué de la maison.

Le parcours scénique de ce défilé, où les modèles émergent de cabines de toilettes pour disparaître ensuite dans les recoins obscurs du décor, renforce cette idée d’intimité retrouvée dans l’ordinaire. L’expérience se veut immersive, un véritable théâtre sensoriel où la musique – entre morceaux de Lana Del Rey et rythmes techno – et l’éclairage stroboscopique transforment le lieu en un espace de métamorphose et de libération. Chaque apparition sur le podium devient ainsi une déclaration de style et de provocation, où la beauté se conjugue à la surprise.

En redéfinissant les codes de la sensualité et en osant des mises en scène inédites, Alessandro Michele prouve une fois de plus que Valentino est bien plus qu’une maison de couture : c’est un univers intime et passionné, où l’histoire et l’innovation se rejoignent. Sa collection Automne/Hiver 2025, à la fois raffinée et subversive, offre une lecture moderne du luxe italien tout en honorant la tradition qui a fait la renommée du nom Valentino.

Ce défilé, résolument inattendu, marque un tournant pour la marque en réinventant l’intime et en réaffirmant que la mode peut être, à la fois, une célébration du passé et une ouverture vers de nouvelles formes d’expression.

Photos : Valentino AW25-26 ; Crédits : Valentino.com

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