Pour sa première exposition personnelle à New York, Laure Mary dévoile un travail d’une rare intensité, où l’absence devient matière et le silence, un langage. Longtemps associée à des compositions vibrantes et oniriques, l’artiste française opère ici un dépouillement radical, né d’un geste intime : se délester de tout, sauf des livres qui l’accompagnent. De cette épure surgit une peinture plus nue, plus incisive, où chaque détail agit comme une énigme à résoudre. Being Normal Is Really Not Normal est une invitation à contempler l’inattendu : un œuf fissuré, une lumière sous une porte, des fragments suspendus entre apparition et disparition. À la manière d’Hemingway et de Bret Easton Ellis, dont les mots hantent discrètement l’exposition, Laure Mary explore la dramaturgie de ce qui manque, la puissance de ce qui n’est pas dit. Ses toiles, à la fois claires et troublantes, rappellent que la normalité est une illusion, que la vérité se cache dans les interstices, et que la beauté surgit souvent là où l’on a osé retrancher.
Rome, Luxe et Opulence
Il y a 2000 ans exactement mourait Auguste, premier empereur de Rome. Pour célébrer cet anniversaire, les autorités italiennes investissent 100 millions d’euros dans la construction d’un énorme complexe muséographique situé au cœur des vestiges archéologiques, entre le Capitole et le Palatin.
Un goût du luxe et de la démesure qui n’a certainement pas attendu la génération 2.0.
En effet, l’opulence a ici toute sa légitimité dans cette commémoration.
Du temps d’Auguste, les romains avaient un rapport à l’argent qu’ils aimaient afficher : les parures antiques en témoignent explicitement. Les joailliers romains ont su profiter de l’extension considérable de l’empire pour s’enrichir de métaux et de pierres exotiques, tout en fusionnant les techniques mises au point par les artisans méditerranéens jusqu’en Extrême-Orient. Tout d’abord, ils ont hérité des techniques mises au point par les Etrusques avant eux : le filigrane et la granulation. Procédés remarquables encore utilisés aujourd’hui.
Les possibilités se multiplient et se complexifient en puisant dans l’artisanat de Gaule, d’Afrique du Nord ou encore du Moyen-Orient : l’émeraude est acheminée des confins de l’Oural, les péridots d’Egypte, ou encore les onyx de Perse. L’ambre remporte un tel succès qu’une route commerciale est mise en place entre Gdansk et Rome pour acheminer les pierres. Les perles de la Mer Caspienne sont très prisées, surtout pour leur coloration naturelle. Les artisans grecs sont réputés pour leur travail sur le fil d’or. Le goût du luxe va donc en s’accentuant, et l’accumulation est un moyen d’afficher son statut social.
Evidemment, se couvrir de pierres précieuses est réservé aux classes les plus élevées. Pour les classes moyennes, l’utilisation de la pâte de verre va permettre de développer un marché du bijou low cost considérable. Invention syrienne, le verre va permettre aux artisans d’imiter certaines pierres précieuses ; l’ajout d’oxyde de manganèse va permettre d’obtenir des colorations violettes ou noires et ainsi imiter l’améthyste ou l’agate.
Des accessoires capillaires aux bijoux de pieds, les parures s’orientalisent : là où la mode égyptienne prédomine dans le textile, c’est la mode syrienne pour les accessoires qui triomphe pendant l’Antiquité tardive.
Face à cet étalage de luxe, le pouvoir romain va devoir légiférer : la plus connue est la Lex Oppia, votée en 215 av. J-C durant la Seconde Guerre Punique. Rome, en guerre contre Carthage, limite le port de bijoux et de vêtements teintés, l’ostentation du luxe étant déplacée par temps de guerre. En 195 av. J-C, les femmes descendent dans la rue pour faire abroger la loi : le consul Caton l’Ancien est obligé de céder face à la pression populaire.
« Mais vos mères ont enfanté des filles délicates ; vous voulez porter des habits brochés d’or; vous voulez des coiffures variées pour vos cheveux parfumés ; vous voulez montrer une main étincelante de pierreries. Vous ornez votre cou de perles tirées de l’Orient, et si grosses, qu’elles sont un fardeau pour vos oreilles. Cependant nous ne devons pas accuser les soins que vous prenez pour plaire, car ce siècle est aussi témoin de la recherche des hommes dans leur parure. »
(Ovide, Cosmétiques)