Pour sa première exposition personnelle à New York, Laure Mary dévoile un travail d’une rare intensité, où l’absence devient matière et le silence, un langage. Longtemps associée à des compositions vibrantes et oniriques, l’artiste française opère ici un dépouillement radical, né d’un geste intime : se délester de tout, sauf des livres qui l’accompagnent. De cette épure surgit une peinture plus nue, plus incisive, où chaque détail agit comme une énigme à résoudre. Being Normal Is Really Not Normal est une invitation à contempler l’inattendu : un œuf fissuré, une lumière sous une porte, des fragments suspendus entre apparition et disparition. À la manière d’Hemingway et de Bret Easton Ellis, dont les mots hantent discrètement l’exposition, Laure Mary explore la dramaturgie de ce qui manque, la puissance de ce qui n’est pas dit. Ses toiles, à la fois claires et troublantes, rappellent que la normalité est une illusion, que la vérité se cache dans les interstices, et que la beauté surgit souvent là où l’on a osé retrancher.
Marché de l’art 2024 : Une baisse de 12% malgré un nombre de transactions plus élevé
Le marché mondial de l’art a connu en 2024 une dynamique contrastée : si le nombre de transactions a progressé, la valeur totale des ventes a reculé de 12 %. C’est ce que révèle le dernier rapport d’Art Basel et UBS, publié par Arts Economics. Après la reprise post-pandémie observée jusqu’en 2022, le secteur accuse une deuxième année consécutive de repli.

Le chiffre d’affaires global s’établit à 57,5 milliards de dollars, en baisse malgré une hausse de 3 % du volume de ventes. Ce paradoxe s’explique principalement par le ralentissement du segment haut de gamme, longtemps moteur du marché. À l’inverse, les acteurs plus modestes ont affiché une belle vitalité : les marchands dont le chiffre d’affaires est inférieur à 250 000 dollars ont enregistré une croissance de 17 %.

Les ventes en ligne, elles aussi, suivent cette tendance baissière, avec un recul de 11 % à 10,5 milliards de dollars. Un niveau inférieur à celui des quatre dernières années, mais toujours supérieur à l’avant-Covid, ce qui montre la résilience du canal digital. Fait notable, la clientèle du marché de l’art se renouvelle : 44 % des acheteurs recensés n’étaient pas présents dans les fichiers clients antérieurs et 38 % étaient des primo-accédants, en hausse de 5 points sur un an.
Sur le plan géographique, les États-Unis conservent leur position dominante avec 43 % du marché mondial, mais enregistrent un recul de 9 %, à 24,8 milliards de dollars. Le Royaume-Uni, deuxième avec 18 % de parts, affiche une baisse de 5 %. La Chine subit la chute la plus marquée : -31 %, pour un volume de ventes estimé à 8,4 milliards de dollars, son plus bas niveau depuis 2009. Une dynamique négative que certains analystes tempèrent en soulignant l’intérêt croissant des jeunes générations chinoises pour l’art contemporain.

En France, premier marché européen avec 7 % des parts, les ventes reculent de 10 %, atteignant 4,2 milliards de dollars. Même tendance en Allemagne (-4 %), en Suisse (-3 %) et en Italie (-10 %). À l’échelle de l’Union européenne, les revenus du marché de l’art chutent de 8 %, pour un total de 8,3 milliards de dollars.
Le Japon fait figure d’exception en Asie, avec une progression de 2 %, alors que la Corée du Sud enregistre une baisse de 15 %. Cette fragmentation illustre une mutation profonde du marché mondial : moins spectaculaire en valeur, mais potentiellement plus ouvert, plus horizontal et plus porté par une nouvelle génération d’acheteurs.
