Demna continue de fasciner et de surprendre, s’appropriant les codes de la couture pour en esquisser une vision ultra moderne de ce qui s’apparente de loin à du streetwear, il manie avec une main de maître le savoir faire ancestrale de la maison.
Balenciaga Printemps/Été 2024 : La dérive de la mode
Demna a présenté la nouvelle collection printemps été 2024 de Balenciaga avec un casting mixant amis, mannequins et famille.
Nous y voilà, un énième défilé Balenciaga et l’on se demande pourquoi la marque résonne-t-elle toujours autant dans le cercle de la mode et dans la pop culture. Après les récents scandales suite à des campagnes douteuses, la marque a essayé de se racheter et de faire profil bas. Donations, soutien à des organisations, mea culpa… La liste est longue.
Mais alors qu’en est-il des vêtements ? Demna, le designer de la maison de couture, prétend vouloir revenir à l’essentiel de la mode, son histoire, sa construction, sa raison d’être, façonner un vêtement, les coutures, les patrons, rejeter cette idée de « buzz ». Ironique lorsque son aura et sa popularité sont apparues avec ce même phénomène de buzz et de célébrités.
Cette collection est, comme le designer, contradictoire. Certes, des amis de la maison défilent, création d’une proximité affective, le designer au centre de la création et de son univers. Mais les vêtements ne suivent pas vraiment cet état d’esprit.
La collection débute avec une série de vestes et de manteaux longs, oversized, de couleur sombre, ambiance triste, morose, à l’opposé de la joie que la présence de famille et d’amis devrait créer.
Par-ci par-là une robe fleurie apporte une touche de gaieté, de quoi satisfaire les quelques clientes attendant des pièces quelque peu distinguées. Tout d’un coup, la collection prend un tournant. Rien ne va plus, les models sont en peignoir, en jogging, en sweat à capuche, le savoir-faire a disparu, les discours sur un retour aux essentiels du vêtement semblent très loin, la voix fébrile d’Isabel Hubert, décrivant comment construire une manche, semble ironique.
Quelques robes de soirée viennent attendrir le défilé, des strass, des matières voyantes, brillantes, quelques constructions intéressantes, ce qui restera dans les mémoires ne sera malheureusement pas la collection, mais les célèbres amis de la maison ayant défilé ainsi que les très célèbres invités présents.
Un décor théâtral, d’immenses rideaux en velours rouge pour une collection des plus banales pour Demna. Cette idée de décor somptueux pour une collection décevante est malheureusement des plus courantes chez les maisons de luxe ces jours-ci.
Crédit Photos : Balenciaga