JW Anderson Homme Printemps/Été 2023 : le clash du subjectif 

«  Même si c’est réel, donc objectif, tout cela est très subjectif, et plutôt déroutant, ou provocant, ou insolent à cause de cela. »

Le label éponyme ne nous a pas déçu cette saison à Milan, une esthétique de conception unique offrant une interprétation moderne de la masculinité et de la féminité en créant des silhouettes stimulantes.

Un questionnement effronté sur le rôle de la mode et ses limites, la collection projette une réflexion progressiste au milieu de looks conventionnels, invitant les porteurs et les spectateurs à définir par eux-mêmes ce qui est portable et ce qui ne l’est pas. Le clash des vêtements avec des objets du quotidien remet en question leurs utilités première. En effet, un guidon, un skate, une charnière de porte, une paire de gants de travail atterrissent tels quels sur les hauts et les sweat-shirts. Les coupes sont essentielles, voire banales : t-shirts, sweats, bermudas, robes, vestes en jean, pantalons cinq poches, bombers, blazers croisés tailleur, débardeurs ou encore parka. Leur objectivité devient provocante et totalement subjective. Le tout basé sur des chaussures avec des semelles et des détails maximisés, et des sacs colorés.

Pour souligner l’illusion de la modernité, il a fait de Rembrandt le protagoniste de son jeu de mode via des reproductions d’intarsia sur des tricots et des imprimés sur des baskets avec la gravure méfiante de l’artiste, Autoportrait dans un bonnet, yeux écarquillés et bouche ouverte, de 1630. Le selfie, âgé de près de 400 ans, a souligné que même si la technologie évolue, la façon dont nous l’utilisons reste assez constante. Une collection qui demande à être mise en perspective : du haut de la perche à selfie. 

Photos : JW Anderson Homme Printemps/Ete 2023, Source : jwanderson.com ; theimpression.com