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Giada Nava : Renaissance d’une maison brute aux portes de Milan

Date : 25 juin 2025
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Entre les villas Art nouveau de Cusano Milanino, il est une demeure qui détonne autant qu’elle fascine. Sculptée dans le béton brut au cœur d’un jardin foisonnant, la maison d’enfance de Giada Nava — aujourd’hui designer italienne en pleine ascension — renaît, subtilement rénovée, comme un manifeste d’architecture et de mémoire.

© DePasquale+Maffini

© DePasquale+Maffini

À première vue, la villa semble posée là comme un vaisseau silencieux, tout en angles et lignes sévères. Mais pour Giada, qui y a grandi, elle fut avant tout un terrain de jeu à ciel ouvert. « Pour mon frère et moi, c’était simplement une grande maison où courir et s’inventer des mondes », confie-t-elle, en évoquant les vastes espaces, les marches larges sur lesquelles elle adorait rouler « comme un chaton », et la piscine intérieure de vingt mètres, joyau secret qui faisait rêver les camarades d’école.

Giada Nava © DePasquale+Maffini

Une vision brutaliste adoucie par le quotidien

Construite dans les années 1970 par Francesco Castiglioni, architecte discret issu de Côme, la villa tranche radicalement avec son environnement. Là où les autres demeures s’ornent de frises et de vitraux, celle-ci assume la rudesse organique du béton armé, ponctué de baies vitrées et de lignes asymétriques. À l’époque, les voisins la surnommaient le “bunker”. Aujourd’hui, elle impose sa présence comme un chef-d’œuvre oublié du modernisme résidentiel.

© DePasquale+Maffini

C’est la mère de Giada, femme de culture et d’audace, qui impulsa ce projet avant-gardiste, confiant à Castiglioni non seulement les plans de la maison, mais aussi ceux du jardin et du mobilier, pensé sur mesure. Le résultat : une harmonie architecturale complète, un écosystème privé où volumes, matières et lumière dialoguent avec fluidité.

© DePasquale+Maffini

Restauration d’un héritage vivant

À la disparition de son père, Giada décide de redonner vie à ce lieu chargé d’histoires. Sans en dénaturer l’âme, elle y entreprend une rénovation sensible : tapis restaurés, mobilier retravaillé à l’identique à partir de croquis d’époque, repeints discrets. « Ce n’est pas une maison figée, c’est un lieu habité, vivant. C’est ici que je puise une grande part de mon inspiration », dit-elle.

Car au-delà de l’intimité, cette maison alimente son geste créatif. À la tête de la maison de lingerie italienne Exilia, qu’elle a relancée avec brio, Giada revendique une esthétique influencée par l’architecture intérieure de son enfance : contrastes de matières, jeux d’ombres, transparences inattendues. Son premier maillot de bain — orné d’inserts de tulle scintillant — fut d’ailleurs inspiré par les vitres inclinées de la façade arrière.

© DePasquale+Maffini

Lignes du passé, souffle du présent

Dans le salon baigné de lumière, entre les œuvres céramiques et les pièces de design signées Gae Aulenti, Mario Bellini ou Angelo Mangiarotti, Giada Nava réinvente la mémoire. Elle s’y installe aujourd’hui avec ses quatre enfants, perpétuant le fil discret d’un héritage personnel et artistique. Un espace qui parle d’ancrage autant que de projection, de béton certes, mais aussi de douceur.

Cette maison, unique en son genre, n’est pas un simple décor : c’est une matrice, un lieu fondateur. Un manifeste silencieux, où chaque marche, chaque meuble, chaque rayon de lumière devient matière à rêver, à créer, à transmettre.

© DePasquale+Maffini

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